17/04/2018
AMOUR ET FANTASTIQUE
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qu'entretiennent
Amour et Fantastique....
Dominique Mertens Echeveau d'Amour (encre)
Les Règles de l'Amour
1. Le prétexte de mariage n’est pas une excuse valable contre l’amour.
2. Qui n’est pas jaloux ne peut pas aimer.
3. Personne ne peut avoir deux liaisons à la fois.
4. Toujours l’amour doit croître ou décroître.
5. Il n’y a point de saveur à ce que l’amant obtient sans le gré de son amante.
6. L’homme ne peut aimer qu’après la puberté.
7. A la mort de son amant, le survivant attendra deux ans.
8. Personne ne doit sans raison suffisante être privé de l’objet de son amour.
9. Personne ne peut aimer vraiment sans être poussé par l’espoir de l’amour.
10. L'amour est toujours étranger dans la maison de l'avarice.
11. Il n'est pas bon d'aimer une femme qu'on aurait quelque honte à épouser.
12. L’amant véritable ne désire d’autres baisers que ceux de son amante.
13. Rendu public, l'amour résiste peu.
14. Une conquête facile rend l’amour sans valeur, une conquête difficile lui donne du prix.
15. Tout amant doit pâlir en présence de son amante.
16. A la vue soudaine de son amante, le coeur d’un amant doit tressaillir.
17. Un nouvel amour fait partir l'ancien.
18. Rien que le bon caractère rend l'homme digne d'amour.
19. Quand l'amour diminue, il diminue vite et se renforce rarement.
20. L’amoureux est toujours craintif.
21. Vraie jalousie fait toujours croître l’amour.
22. Un soupçon sur son amante, jalousie et ardeur d’aimer augmentent.
23. Il ne dort ni ne mange celui que passion d’amour démange.
24. N’importe quel acte de l’amant se termine dans la pensée de son amante.
25. L’amant véritable ne trouve rien de bien, qui à son amante ne plaise bien.
26. L’amant ne saurait rien refuser à son amante.
27. L’amant ne peut se rassasier des plaisirs de son amante.
28. La moindre présomption pousse l’amant à soupçonner le pire sur son amante.
29. Il n’aime pas vraiment celui qui possède une trop grande luxure.
30. L’amant véritable est toujours absorbé par l’image de son amante.
31. Rien ne défend à une femme d’être aimée de deux hommes, ni à un homme d’être aimé de deux femmes.
Dominique Mertens Miroir d'amour (encre)
Quelques poésies du Moyen age...
D'être avec elle
D'être avec elle tant m'étonne
Que n'ose avouer mon désir
Et quand m'en vais d'elle il me semble
Que perds tout sens et tout savoir.
Joyssance vous donneray
Joyssance vous donneray,
Mon amy, et vous meneray
Là où pretend vostre esperance.
Vivante ne vous laisseray ;
Encore quant morte je seray,
L'esprit en aura souvenance.
Si pour moy avez du soucy,
Pour vous n'en ay pas moins aussi ;
Amour le vous doit faire entendre.
Mais s'il vous greve d'estre ainsi,
Apaisez vostre cueur transy ;
Tout vient à point qui peult attendre.
Dominique Mertens Temple d'amour (encre)
Dont vient cela
Dont vient cela, belle, je vous supply,
Que plus à moy ne vous recommandez ?
Toujours seray de tristesse remply,
Jusques a tant qu'au vray me le mandez.
Je croy que plus d'amy ne demandez.
Ou maulvais bruyt de moy on vous revelle
ou vostre coeur a fait Amour nouvelle.
Si vous laissez d'Amour le train joly,
Vostre beauté prisonnrendez ;
Si pour autruy m'avez mis en oubly,
Dieu vous y doint le bien que pretendez ;
Mais si de mal en rien m'apprehendez,
Je veulx qu'autant que vous me semblez belle,
D'autant ou plus vous me soyez rebelle.
Dominique Mertens Plaisir d'amour ne dure qu' un instant (encre)
Dominique Mertens Chagrin d' amour dure toute une vie (encre)
Dominique Mertens Amour éconduit (encre)
L'Amour, la Mort et la Vie
L'Amour, la Mort et la Vie
Me tourmentent à toute heure.
De me laysser ont envye
Et veullent que j'y demeure.
Quand je veulx rire je pleure
Du feu d'Amour qui s'avive
La Vie veult que je meure
Et la Mort veult que je vive.
Dominique Mertens Amour fortifié (encre)
amour-champêtre encre de Chine de l'auteur
Dominique Mertens Amours ancillaires (encre)
Dominique Mertens Amour contrarié (encre)
Dominique Mertens Amour aveugle (encre)
Cet Enfer au Paradis
une chanson de
Dark Sanctuary
Je ne sais que faire de cette vie,
Dans cet Enfer au Paradis.
J'ai perdu mes ailes et ma liberté,
A cause de celle que j'ai tant aimé.
Des larmes de glace sont comme des espoirs,
Lentement ils s'effacent de ma mémoire.
J'aurais tant voulu ne jamais exister,
Ni jamais avoir cru pouvoir aimer.
J'ai tant de haine contre ceux qui ont
Créé mes peines et mes passions.
Je crie de douleur, j'ai mal et j'ai peur,
J'aimerais tant pouvoir encore la revoir.
J'ai beau crier, elle ne m'entend pas,
J'ai beau pleurer, elle ne m'aimera pas.
"Brièvement, il posa un baiser sur le front de son épouse
et s'en fut, happé par cette insatiable nuit
qui n'avait semble-t-il
d'autre but que de dévorer le peu d'espoir
qui nous restait encore."
Françoise-Sylvie Pauly
L'Invitée de Dracula, roman
"Il serait trop long de vous conter toute ma souffrance
Mais ce qui me torture avant tout,
c'est une bouche rouge dont mon coeur est meurtri jusqu'à l'amère mort.
Devant elle mon corps était baigné de sueur,
Et mon visage devenait rouge puis blème,
Quand je rendais mes devoirs à la délicate jeune fille.
A force de soupirer et frémir,
Souvent je ne sentais plus mon propre corps,
Comme si je m'étais consumé.
Souvent m'a l'épouvante fait fuir à deux cents milles d'elle,
Et jamais je ne reprenais espoir.
Gel, pluie, neige ne m'ont pas tant glacé
Que le soleil de la bien-aimée ne pût m'enflammer.
Lorsque je suis près d'elle,
Je perds ma mesure.
Ainsi dois-je à cause d'elle aller par les chemins lointains,
En désarroi, jusqu'à ce que la grâce ait remplacé la haine.
Ah, ma tristesse serait allégresse si elle voulait bien m'aider."
Oswald von Wolkenstein
........
"Je suis à toi pour l'éternité"
"Rejoins-moi à jamais..."
Giovanni Lorenzo Bernini Santa Ludovica Albertoni
Giovanni Lorenzo Bernini Extase de Sainte-Thérèse
"Rappelle-toi ce jour du plus lointain passé
Où ma voix ranima ton cadavre glacé.
Je vis un feu si beau sous ta noire prunelle
Que je te dis alors : Courtisane éternelle,
Toujours jeune et toujours soumise tu vivras,
Et les plus nobles coeurs s'éteindront dans tes bras !"
Gérard de Nerval L'Imagier
"Le soleil du matin traversait en rayons colorés les verrières du cloître. Assis au confessionnal, j'étais plongé solitaire dans mes pensées. Seuls les pas des frères servants qui nettoyaient l'église résonnaient sous la voûte. Soudain, j'entendis près de moi un frôlement, et j'aperçus une dame grande et svelte, habillée d'une façon étrange,. un voile couvrait sa figure ; elle était entrée par une porte latérale et s'approchait de moi pour se confesser. Ses mouvements avaient une grâce indescriptible.
Elle s'agenouilla. Un profond soupir s'échappa de sa poitrine. Je sentais son haleine brûlante ; avant même qu'elle parlât, j'étais sous l'emprise d'un charme étourdissant. Comment décrire le ton tout à fait particulier de sa voix, qui pénétrait au plus profond du coeur ? Chacune de ses paroles me saisissait l'âme, lorsqu'elle m'avoua qu'elle nourrissait un amour défendu. Cet amour, elle le combattait en vain depuis longtemps ; il était d'autant plus coupable que des chaînes sacrées liaient à jamais l'objet de son amour. Mais dans la folie d'un désespoir sans bornes, elle avait maudit ces chaînes.
Elle s'arrêta. Puis, au milieu d'un flot de larmes, qui étouffaient presque ses mots, elle s'écria :
"Médard ! c'est toi, toi-même, que j'aime d'un amour indicible."
Comme saisi d'un spasme mortel, tous mes nerfs se mirent à trembler ; j'étais hors de moi ; un sentiment inconnu me déchirait la poitrine. Je voulais la voir, la presser contre mon coeur, mourir de joie et de souffrance ! Pour une minute de cette félicité, j'étais prêt à endurer le martyre éternel de l'enfer !"
E.T.A Hoffmann Les Elixirs du diable
Cornelis van Haarlem le-moine-et-la-religieuse
"Effrayé, je m'avançai en courant ; la porte du cabinet était entrouverte. Aurélie était agenouillée, le dos tourné vers moi, devant un tabouret sur lequel était placé un livre ouvert. Rempli de crainte, je regardai involontairement derrière moi ; je ne vis rien et je m'écriai, dans un ravissement suprême : "Aurélie, Aurélie !"
Elle se retourna rapidement, mais , avant qu'elle se fût levée, j'étais déjà à ses genoux et je l'avais enlacée avec force.
"Léonard ! mon bien-aimé", murmura-t-elle tout bas.
Alors fermenta et bouillonna dans mon être un désir furieux, une passion coupable et sauvage. Elle était là inerte dans mes bras; ses cheveux dénoués tombaient en boucles épaisses sur mes épaules ; sa gorge juvénile se soulevait ; elle gémissait sourdement. Je ne me connaissais plus moi-même. Je la relevai ; elle parut animée d'une force nouvelle ; une ardeur inconnue brûlait dans ses yeux et elle rendait avec plus de feu mes baisers délirants."
E.T.A. Hoffmann Les Elixirs du diable
Edenfall pochette cd
"Dis seulement que tu m'aimes
et tu seras délivrée de toute détresse."
E.T.A. Hoffmann Les Elixirs du diable
Dominique Mertens Rappelle-toi ce jour (encre)
"Coeur qui soupire n'a pas ce qu'il désire..."
"Diffamée, méprisée, oubliée de tous, à l'exception des généreuses soeurs de la famille de Sydnei, je résignai mes volontés à celles de Lord Arlington, et repris la route de cette abbaye, destinée, dès mon enfance, à me servir de tombeau. La même main qui avait ruiné l'édifice de mon bonheur, avait dépouillé cette demeure de ce qui en faisait pour moi l'unique charme. Toutes les ruines étaient abattues, et les bois épais qui nous avaient si longtemps protégés, avaient fait place à des plantations naissantes. Je détournai les yeux de cette scène de désolation, et me renfermai dans la chambre la plus reculée et la plus obscure, résolue d'y passer le reste de ma vie à méditer et à pleurer."
Sophia Lee Le souterrain
gustave-doré la-tour-de-babel
"... en vérité, on n'a pas encore appris à aimer. Nous n'utilisons qu'une fraction infime de nos possibilités dans ce domaine. L'amour est indivisible. Il parle toutes les langues de Babel. Mais, à chaque instant, nous en faisons l'économie. Nous lésinons. A certaines heures désespérées parce que nous y sommes acculés, nous acceptons d'aimer enfin."
pierre-mertens "Perdre"
"Car s'il est vrai, comme l'a affirmé un écrivain célèbre, qu'aucune jeune fille n'a le droit de tomber amoureuse avant que le monsieur n'ait déclaré sa flamme, il serait des plus inconvenants qu'une jeune fille rêvat d'un jeune homme avant qu'on sache d'abord si le jeune homme a été le premier à rêver d'elle."
jane-austen l'-abbaye-de-northanger
Dominique Mertens Etreinte_1 (encre)
"Amour, tes jouissances sont infinies, comme tes peines ! Tu es plus amer que l'absinthe, mais le miel est moins doux que toi."
Christian Heinrich Spiess Le petit Pierre
Dominique Mertens Etreinte (encre)
"L'embrasser avec toute la passion d'un désir furieux
et puis lui donner la mort, telle était la pensée
qui me poursuivait irrésistiblement."
E.T.A. Hoffmann Les Elixirs du diable
Dominique Mertens Comme morte (encre)
Amours me fait désirer
Amours me fait désirer et aimer ;
Mais si follettement
Que je ne puis espérer
Ni penser
N'imaginer nullement
Que le doux et beau visage
Duquel je suis tombé amoureux
Me donnera joie,
A moins qu'Amour n'agisse proprement et tellement
Que je l'obtienne sans le demander.
Guillaume de Machaut
Dominique Mertens Pleur -d' amour (encre)
"Sur l'épaule de son amant,
elle aperçut trois cicatrices,
trois morsures de sa bouche,
trois témoins indiscrets
de leur amour farouche
et posa les lèvres dessus !
Hanns Heinz Ewers L'apprenti sorcier
Il n'y a pas de rose sans épines...
à suivre...
10:01 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, fantastique, féérie, illustration gothique, dessin gothique, fantasmes, rêve, occultisme, blog gothique | Facebook |
15/04/2018
DANS SES YEUX JE VOYAIS MA VIE
DANS SES YEUX
JE VOYAIS MA VIE
"Il aimait ce moment où les dernières clartés s'éteignent, où les étoiles, l'une après l'autre, viennent briller dans l'espace et se réfléchir sur le miroir des eaux ; moment touchant et doux, où l'âme dilatée s'ouvre aux plus tendres sentiments, aux contemplations les plus sublimes."
Ann Radcliffe Les Mystères d'Udolphe
Juste avant l'exil
chanson de Gérard Manset
Juste avant l'exil,
On pose un dernier regard sur sa ville,
Les colliers de fleurs que les hommes enfilent
Et plus loin, sur le bord du quai,
Le secret que personne ne sait,
C'est qu'on est né ici
Et qu'on sait ce qu'on va laisser,
Alors on reste assis
Juste avant l'exil.
Ça semblait facile
De tout quitter.
On était le loup sans son collier,
L'arbre sans son espalier
Mais quand le sable a quitté le sablier,
Que le marbre et la pierre se sont brisés,
Que le chêne a fini quand même par retomber,
On se retrouve comme on est né
A nouveau dans un monde damnés,
A nouveau dans un monde damnés,
Sans rien ni personne pour nous aider.
Juste avant l'exil,
Juste avant l'exil,
Avant le dernier regard sur la ville,
Dans le bruit des trains qui défilent
Et là-bas, sur le bord du quai,
Comme la flamme d'un briquet,
Dans une main qui tremble,
Ce visage, on le connaît :
Il nous ressemble.
Juste avant l'exil,
Que cherche-t-il vers l'horizon ?
Le dessein dans la forme d'une maison
Ou peut-être la guérison
Dominique Mertens Ma rencontre avec Adelheide
"Oh ! combien il serait doux de parler longtemps du bonheur de Valancourt et d'Emilie ! de dire avec quelle joie, après avoir souffert l'oppression des méchants et le mépris des faibles, ils furent enfin rendus l'un à l'autre ; avec quel plaisir ils retrouvèrent les paysages chéris de leur patrie ! Combien il serait doux de raconter comment, rentrés dans la route qui conduit le plus sûrement au bonheur, tendant sans cesse à la perfection de leur intelligence, ils jouirent des douceurs d'une société éclairée, des plaisirs d'une bienfaisance active, et comment les bosquets de La Vallée redevinrent le séjour de la sagesse et le temple de la félicité domestique ! ......"
"..... Puisse-t-il du moins avoir été utile de démontrer que le vice peut quelquefois affliger la vertu ; mais que son pouvoir est passager, et son châtiment certain ! Tandis que la vertu froissée par l'injustice, mais appuyée sur la patience, triomphe enfin de l'infortune.
Et si la faible main qui a tracé cette histoire a pu, par ses tableaux, soulager un moment la tristesse de l'affligé, par sa morale consolante si elle a pu lui apprendre à en supporter le fardeau, ses humbles efforts n'auront pas été vains, et l'auteur aura reçu sa récompense."
(extrait de la conclusion du roman d'Ann Radcliffe, "Les Mystères d'Udolphe")
"Leur vie passée offrit un exemple d'épreuves bien dures et leur vie présente un modèle de vertus grandement récompensées; et ils continuèrent de mériter cette récompense. Car leur bonheur ne se bornait pas à eux seuls, mais ils le faisaient sentir à tous les individus qui vivaient dans la sphère de leur influence. L'indigent et l'infortuné avaient à se louer de leur bienveillance, l'homme vertueux et éclairé, de leur amitié, et leurs enfants, d'aavoir des parents dont l'exemple imprimait dans leurs coeurs les préceptes qu'ils offraient à leur esprit."
(extrait de la conclusion du roman d'Ann Radcliffe, "Les Mystères de la forêt")
Lovis Corinth Adam et Eve
"Le comte et la comtesse Masérini, lord et lady Milverne, jouirent longtemps d'une félicité parfaite. Ils eurent chacun plusieurs enfants qui devinrent l'ornement et le modèle de leur siècle. Le temps semblait ajouter chaque jour quelque chose à leur bonheur, et le déclin de leur vie fut comme la fin d'un beau jour, où le soleil en se couchant, brille des rayons les plus purs, jusqu'à ce qu'il ait entièrement disparu de dessous l'horizon."
Geoge Moore L'Abbaye de Grasville
"Ah ! jamais la solitude n'a plu à des êtres trop dissipés et frivoles ; elle ne convient qu'à des coeurs purs, seuls capables d'en goûter les charmes."
Charlotte Dacre Zofloya, ou la Maure
"Ainsi, après divers incidents autant étranges que déprimants, Matilda reçut la récompense de sa persévérance, de sa force d'âme, et de sa vertueuse abnégation. Une conscience de remplir ses nombreux devoirs assura son bonheur , aussi, lorqu'elle écrivit la conclusion de ses aventures à sa Mère Sainte-Madeleine bien-aimée, ne dit-elle pas : de vous, j'ai appris la résignation, et une certaine dépendance vis à vis d'un Etre qui n'abandonne jamais celui qui est vertueux. De vous, j'ai appris à ne jamais désespérer. De vos préceptes et de vos mises en garde, je vous suis redevable de n'avoir pris le voile, et je crois fermement que, appelée à un état supérieur, je me souviendrai toujours que les infortunés ont des suppliques à adresser aux coeurs de ceux que Dieu a bénis avec générosité, et que, grâce à vos ressources, vouées à expérimenter toutes les bénédictions de la vie, je vais ressentir comme un devoir d'étendre par des vertus vivaces, et au mieux de mes capacités, ces bénédictions à d'autres, moins chanceux que moi."
Eliza Parsons Le Château de Wolfenbach
(traduction Dominique Mertens)
ქრისტე აღსდგა მკვდრეთით,
სიკვდილითა სიკვდილისა დამთრგუნველი
და საფლავების შინათა
ცხოვრების მიმნიჭებელი !
"Tu voudrais être aimée ?
Puisse donc ton cœur ne pas s’écarter
de son actuel cheminement !
Étant en tous points ce que tu es maintenant,
ne sois rien de ce que tu n’es pas.
Ainsi, pour le monde, tes nobles façons,
ta grâce, bien plus que de la beauté,
seront un thème sans fin de louange,
un simple devoir rendu à l'amour."
Edgar Allan Poe
poème à F.-S. O.
John Simmons Hermia et Lysander
(Songe d'une nuit d'été)
Dominique Mertens Adelheide, l'héroïne de mon roman
"Ils me montraient leurs arbres, et j'étais incapable de comprendre le degré d'amour avec lequel ils les regardaient : comme s'ils parlaient avec des êtres qui leur étaient semblables. Et vous savez, je ne me tromperai pas, peut-être, si je dis qu'ils conversaient ! Oui, ils avaient trouvé leur langue, et je suis convaincu que les arbres les comprenaient. Ainsi regardaient-ils toute la nature -les animaux, qui vivaient avec eux dans la concorde, ne les attaquaient pas et les aimaient, vaincus par leur amour. Ils me montraient les étoiles et ils me parlaient d'elles à propos de quelque chose que je n'arrivais pas à comprendre, mais je suis convaincu que, d'une façon ou d'une autre, ils communiquaient avec les étoiles du ciel, et pas seulement par la pensée, non, par je ne sais quel moyen vivant. Oh, ces gens, ils ne s'acharnaient pas à ce que je les comprenne, ils m'aimaient même sans cela, et pourtant je savais qu'eux non plus, ils ne me comprenaient jamais, et c'est pourquoi je ne leur parlais presque pas de notre terre,. Je me contentais d'embrasser devant eux la terre sur laquelle ils vivaient et, sans paroles, je les adorais tous, et eux, ils voyaient cela et me laissaient les adorer, sans avoir honte de mon adoration, parce qu'ils étaient eux-mêmes pleins d'amour."
Fiodor Dostoïevski Le Rêve d'un homme ridicule
John Simmons Le Songe d'une nuit d'été
An die Freunde
Ode à la Joie
poème de Friedrich Schiller (extrait)
version française :
Ô amis, pas de ces accents !
Laissez-nous en entonner de plus agréables,
Et de plus joyeux !
Joie, belle étincelle divine,
Fille de l'assemblée des dieux,
Nous pénétrons, ivres de feu,
Ton sanctuaire céleste !
Tes charmes assemblent
Ce que, sévèrement, les coutumes divisent ;
Tous les humains deviennent frères,
lorsque se déploie ton aile douce.
Celui qui, d'un coup de maître,
a réussi
D'un ami d'être l'ami ;
Qui a fait sienne une femme accorte,
Qu'il mêle son allégresse à la nôtre !
Oui, et même celui qui ne peut appeler sienne
Qu'une seule âme sur la Terre !
Mais celui qui jamais ne l'a su,
Qu'en larmes il se retire, de cette union !
Tous les êtres boivent la joie
Aux seins de la nature ;
Tous les bons, tous les méchants,
Suivent sa trace parsemée de roses.
Elle nous a donné des baisers et la vigne ;
Un ami, éprouvé par la mort ;
La volupté fut donnée au vermisseau,
Et le Chérubin se tient devant Dieu.
Joyeux, comme ses soleils volant
À travers le somptueux dessein du ciel,
Hâtez-vous, frères, sur votre route,
Joyeux comme un héros vers la victoire.
Soyez enlacés, millions.
Ce baiser au monde entier !
Frères ! Au-dessus de la voûte étoilée
Doit habiter un père bien-aimé.
Vous vous effondrez, millions ?
Monde, as-tu pressenti le Créateur ?
Cherche-le par-delà le firmament !
C'est au-dessus des étoiles qu'il doit habiter.
John simmons Le Songe d'une nuit d'été
version allemande :
Freude, schöner Götterfunken
Tochter aus Elysium,
Wir betreten feuertrunken,
Himmlische, dein Heiligtum !
Deine Zauber binden wieder
Was die Mode streng geteilt ;
Alle Menschen werden Brüder
Wo dein sanfter Flügel weilt.
Wem der große Wurf gelungen,
Eines Freundes Freund zu sein ;
Wer ein holdes Weib errungen,
Mische seinen Jubel ein !
Ja, wer auch nur eine Seele
Sein nennt auf dem Erdenrund!
Und wer's nie gekonnt, der stehle
Weinend sich aus diesem Bund !
Freude trinken alle Wesen
An den Brüsten der Natur ;
Alle Guten, alle Bösen
Folgen ihrer Rosenspur.
Küsse gab sie uns und Reben,
Einen Freund, geprüft im Tod ;
Wollust ward dem Wurm gegeben,
und der Cherub steht vor Gott.
Froh, wie seine Sonnen fliegen
Durch des Himmels prächt'gen Plan,
Laufet, Brüder, eure Bahn,
Freudig, wie ein Held zum Siegen.
Seid umschlungen, Millionen !
Diesen Kuß der ganzen Welt !
Brüder, über'm Sternenzelt
Muß ein lieber Vater wohnen.
Ihr stürzt nieder, Millionen ?
Ahnest du den Schöpfer, Welt ?
Such' ihn über'm Sternenzelt !
Über Sternen muß er wohnen.
John Simmons There lies Titania
John Simmons Titania lying on a leaf
ADELHEIDE
(mélodie de Ludwig von Beethoven,
paroles de Friedrich Mathisson, 1795)
Ton ami erre seul dans le jardin nimbé de lumière
par le tamis tremblant de ses branches fleuries, Adelaide !
Dans le jet d'eau étincelant sur la neige des Alpes,
Dans les nuages d'or du crépuscule,
Dans le champ des étoiles,
Ton image brille, Adelheide !
Les feuilles tendres chuchotent dans la brise du soir,
Les cloches argentées du muguet sont le carillon de Mai,
Les vagues murmurent et les rossignols sifflent, Adelheide !
Un jour, ô merveille, sur ma tombe poussera
Une fleur des cendres de mon coeur,
Et de chaque fleur pourpre brillera ton nom, Adelheide !
John Simmons Titania
"Il ne sut pas comment cela se passa, mais il se sentit soulevé par une force inconnue et jeté aux pieds de Sonia. Il pleurait et il étreignait ses genoux. Au premier moment, elle s’effraya terriblement et son visage devint mortellement pâle. Elle bondit et, toute tremblante, elle se mit à le regarder. Mais – 774 – immédiatement, à l’instant même, elle comprit tout. Un bonheur infini brilla dans ses yeux ; elle avait compris, elle n’avait plus de doute maintenant, il l’aimait, il l’aimait d’un amour sans limite et son heure était enfin venue… Ils voulaient parler, mais ils ne le pouvaient pas. Les larmes inondaient leurs yeux. Ils étaient hâves tous les deux ; mais ces visages maladifs et pâles s’auréolaient déjà du renouveau futur, de la résurrection totale à une vie nouvelle. L’amour les avait ressuscités ; le cœur de l’un contenait des sources intarissables de vie pour l’autre."
Fiodor Dostoïevski Crime et châtiment
"Fiodor Dostoïevski, un talent cruel"
Mikhailovski, critique
Franck Pauwels (connu sous le nom italianisé de Paolo Fiammingo)
Amori reciproco amore
"Ce que je sais, c'est que nous vivons, nous souffrons et nous mourons bêtes, sans savoir ni pourquoi ni comment. Je sais encore que notre plus grande erreur est de trop désirer le bonheur, tandis que la vie reste indifférente à nos désirs : si nous sommes heureux, c'est par hasard ; et si nous sommes malheureux, c'est encore par hasard. Dans cette mer pleine d'écueils qu'est la vie, notre barque est à la merci des vents, et notre adresse ne peut éviter que peu de choses. Et c'est inutile d'accuser quelqu'un, ou d'accrocher son espoir à quelque chose : on est destiné au bonheur ou au malheur avant de sortir du ventre de sa mère. Heureux est celui qui sent le moins ou qui ne sent rien, et malheureux est celui qui sent et qui veut : il n'a jamais assez."
Panaït Istrati oncle Anghel - les récits d'Adrien Zograffi
Franck Pauwels Amori amore letheo
Dominique Mertens La source de la Vie (encre)
Hymne à la Vie
un poème de Mère Térésa
La vie est beauté, admire-la.
La vie est félicité, profites-en.
La vie est un rêve, réalise-le.
La vie est un défi, relève-le.
La vie est un devoir, fais-le.
La vie est un jeu, joue-le.
La vie est précieuse, soigne-la bien.
La vie est richesse, conserve-la.
La vie est amour, jouis-en.
La vie est un mystère, pénètre-le.
La vie est une promesse, tiens-la.
La vie est tristesse, dépasse-la.
La vie est un hymne, chante-le.
La vie est un combat, accepte-le.
La vie est une tragédie, lutte avec elle.
La vie est une aventure, ose-la
La vie est bonheur, mérite-le.
Mère Térésa
"Premier jour dans la forêt. J’étais joyeux et las, toutes les bêtes s’approchaient de moi et me considéraient, sur les arbres à feuilles étaient posés des coléoptères et des « scarabées onctueux » se traînaient sur le chemin. Soyez les bienvenus, pensais-je. L’atmosphère de la forêt allait et venait à travers mes sens, je pleurais de tendresse et j’en étais absolument joyeux, j’étais éperdu d’actions de grâce. Toi, bonne forêt, mon foyer, paix de Dieu, je dois te dire du fond de mon cœur... Je m’arrête, me tourne dans toutes les directions et nomme en pleurant les oiseaux, les arbres, les pierres, l’herbe et les marais par leur nom, je regarde autour de moi et je les nomme en litanies. Je lève les yeux vers les montagnes et pense : Oui, me voilà ! comme si je répondais à un appel."
Knut Hamsun Pan
John Simmons Titania se reposant
"Ne t'estimes heureux que le jour
où toutes tes joies naîtront de toi-même."
Sénèque Lettres à Lucillius
"Tiens, on dirait que le ciel s'assombrit !"
Angellore Errances pochette cd
Ivan Aivazovsky Jésus marchant sur l'eau
"Il y a mille ans, un moine, vêtu de noir, cheminait dans le désert, en Syrie ou en Arabie. 20 À quelques mètres de l’endroit où il passait, des pêcheurs virent un autre moine qui marchait lentement sur l’eau d’un lac. Le second moine était un mirage. Perdez de vue maintenant toutes les lois de l’optique que la légende, semble-t-il, ignore, et écoutez ce qui suit. De ce mirage en naquit un second, du second un troisième, en sorte que l’image du moine noir se transmit à l’infini d’une couche de l’atmosphère dans l’autre. On la voyait tantôt en Afrique, tantôt en Espagne, tantôt aux Indes, tantôt dans l’extrême Nord... Elle sortit enfin des limites de l’atmosphère terrestre, et, maintenant elle erre dans l’univers entier, sans pouvoir se trouver jamais dans des conditions où elle pourrait disparaître."
Anton Tchékhov Le Moine noir
"Une jeune fille à l'imagination malade entendit une nuit, dans un jardin, des sons mystérieux, si beaux et si étranges, qu'elle dut les regarder comme une harmonie sacrée, incompréhensible pour nous, mortels, et qui, pour cette raison, s'en retourne aux cieux."
Anton Tchékhov Le Moine noir
aimer la vie, c'est …
aimer la MUSIQUE AFRICAINE,
pure source de bonheur
Rokia Traoré
Sona Jobarteh
Toumani Sibiti Diabaté
Habib Koité
la case aux fétiches
Solo et Indré, une magnifique fusion de deux cultures
Dominique Mertens Fétiche (encre, crayon)
"Ils songent, tête basse… Dans la paix automnale, lorsqu’un froid et morne brouillard s’élève de terre, et se glisse dans l’âme, lorsqu’il reste planté devant les yeux comme un mur de prison et atteste à l’homme la limite de sa volonté, il est doux de penser aux larges fleuves rapides, aux rives plantureuses et abruptes, aux forêts infranchissables, aux steppes illimitées. Lentement, paisiblement, l’imagination vous retrace comment, le matin, à l’aube, alors que le carmin de l’aurore n’a pas encore quitté le ciel, un homme, pareil à une petite tache, avance sur la rive escarpée et déserte. Les sapins séculaires qui étagent leurs masses sur les deux côtés du torrent, regardent maussadement cet homme libre, et grondent sévèrement. Des racines, d’énormes pierres, des fourrés épineux lui barrent le chemin ; mais, robuste de corps, l’esprit alerte, il ne s’effraie ni des sapins, ni des pierres, ni de sa solitude, ni de l’écho bruyant qui répercute chacun de ses pas. Les centeniers se dessinent les tableaux d’une vie libre qu’ils n’ont jamais vécue. Ils se remémorent confusément les images de ce qui leur a été raconté il y a longtemps, ou, peut- être, Dieu le sait, cette représentation d’une vie libre leur est-elle venue avec la chair et le sang de leurs libres aïeux !"
Anton Tchékov Rêves (extrait)
aimer la vie, c'est …
aimer la musique traditionnelle Géorgienne, (ex URSS)
source vive de bonheur
la musique polyphonique Géorgienne (ex URSS) tout un monde fascinant à découvrir sur You Tube
https://youtu.be/yYF_MHTfMeo
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editionsdestourments.fr
aimer la vie, c'est…
aimer DASHIELL HEDAYAT,
figure emblématique des années '70/'80
et de la révolution sexuelle
Daniel Théron, plus connu sous les pseudonymes de Dashiell Hedayat et de Jack-Alain Léger, est un chanteur et romancier français, né à Toulon le 05 juin 1947 et mort à Paris le 17 juillet 2013.
À la fin des années 1960, il enregistre deux albums, dont le premier, "Obsolète", qui contient la fameuse chanson "Chrysler rose", album qui lui valu le grand prix de l'Académie Charles-Cros. Il se consacra ensuite à l'écriture.
un album incontournable à découvrir sur You Tube
https://youtu.be/JDimqdooGXE
Chrysler ! Chrysler rose
Elle repose sur ses jantes, abandonnée
Deux roues sont voilées
Et sa capote est déchirée
On voit le ciel à travers
Tant elle est usée
Une Chrysler, une Chrysler rose
Une Chrysler que j’ai au fond de la cour
Une Chrysler rouillée
J’ai une Chrysler tout au fond de la cour
Elle ne peut plus rouler mais c’est là
Que je fais l’amour
Il y pousse de la mousse
Des glycines mauves sur le volant
D’un doigt malhabile dans la poussière
Sur la portière
Les enfants ont écrit que Dashiell est un con…
Oui, Chrysler!
Chrysler rose, elle ne peut plus rouler
Mais quand les ressorts grincent
Quand les ressorts grincent
Les enfants de l’immeuble
Aussitôt cessent de jouer
Pour venir regarder…
aimer la vie,c'est …
aimer ce qui nous dépasse,
et accepter ce qui doit arriver.
Henry Ossawa Tanner L'Annonciation
"Ce fut un moment grand et bien faisant. L'amour versa au coeur du mari sa joie et son courage. Il voyait un avenir où sa femme et lui, toujours unis dans la tendresse, feraient de leur humble foyer un paradis qui pourrait servir d'exemple à toute la paroisse."
Selma Lagerlöf Anna Svärd
Antonello da Messina L'Annonciation
"Non, vivre très modestement, libéré d'une foule de besoins, élevé au-dessus du vain et mesquin désir d'éclabousser ses semblables, voilà le chemin du bonheur dans ce monde et de la béatitude dans l'autre."
Selma Lagerlöf Anna Svärd
Sandro Botticelli la madone du magnificat
"Partout la méditation et l'étude sont nécessaires au bonheur ; à la campagne, elles préviennent les langueurs d'une existence apathique et enseignent à comprendre le grand spectacle de la nature ; à la ville, elles dispensent de ces vaines distractions qui ouvrent la porte à tant de dangers."
Ann Radcliffe Les mystères d'Udolphe
aimer la vie, c'est …
aimer les hommes et les femmes
tels qu'ils sont, tant pour leurs qualités,
que pour leurs défauts.
Andrea Mantegna Etude de Christ
Sandro Botticelli Portrait de femme
aimer la vie, c'est …
garder l'espoir
quelles que soient les circonstances
" Magnificat anima mea Dominum, et exsultavit spiritus meus in Deo salutari meo"
« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais .
Magnificat Cantique de la Vierge Marie
Le Caravage L'Annonciation
la violoniste (auteur présumé : blackrosedu59 )
"Quelle joie doit éprouver un mari en introduisant sa jeune femme dans une maison confortable et riche. Passer de pièce en pièce et entendre ses exclamations admiratives, la précéder de quelques pas pour ouvrir les portes de la pièce suivante et dire : « Voici qui n’est pas trop mal, je crois. » La voir voltiger comme un papillon, jouer quelques mesures au piano, courir vers un tableau, jeter ensuite un coup d’œil dans un miroir, afin de savoir s’il reflétait d’elle une image favorable, ou se précipiter à une fenêtre pour admirer l’admirable paysage. "
Selma Lagerlöf Charlotte Löwensköld
"'Qui redoute ou qui évite l'amour, n'est pas libre."
Anton Tchékov Ma vie
Léon Bonnat Idylle
"Je m'habillai et passai dans mon atelier. Tessie était là, assise près de la fenêtre, mais en me voyant arriver elle se leva et passa ses bras autour de mon cou pour un innocent baiser. Elle était si fraîche et charmante que je l'embrassai à nouveau avant d'aller m'asseoir à mon chevalet.
"Hé ! Où est passée cette étude que j'avais commencée hier ?" demandai-je.
Tessie me regarda sans rien répndre. Je commençai à fouiller parmi mes toiles et lui dis :
"Dépêche-toi de te préparer, Tessie, il faut profiter de la lumière matinale."
Quand enfin j'abandonnai mes recherches parmi les autres toiles et décidai de regarder le reste de la pièce, je vis que Tessie était debout près du paravent, toujours habillée.
"Que se passe-'t-il , lui demandai-je.Tu ne te sens pas bien ?
- Si.
- Alors dépêche-toi.
- Vous voulez que je pose comme... comme je le faisais habituellement ?"
Alors je compris. C'était encore une complication. J'avais bien sûr perdu le meilleur modèle nu que j'aie jamais vue. Je regardai Tessie. Son visage était écarlate. Hélas ! Hélas ! Nous avions mangé le fruit de l'arbre de la connaissance et l'Eden et l'innocence originelle étaient perdus pour nous - je veux dire pour elle.
Robert W. Chambers Le Signe jaune
Dominique Mertens L'Artiste et son modèle (encre et crayon)
"Le spectre du Passé n'irait pas plus loin.
"S'il est vrai, soupirait-elle, que tu vois en moi une amie, alors revenons en arrière ensemble. Tu oublieras, ici, sous le soleil de l'été."
Je la pris dans mes bras, suppliant, caressant ; je la saisis, pâle de colère, mais elle résistait toujours.
"S'il est vrai, soupirait-elle, que tu vois en moi une amie, alors revenons en arrière ensemble."
Le Spectre du Passé n'irait pas plus loin."
Robert W. Chambers Le Roi en jaune
Karoly Ferenczy Le Peintre et son modèle
"_ Ainsi, dit-elle, vous êtes marié ? Mais ne vous inquiétez pas, je n'en ferai pas une maladie et je saurai vous arracher de mon coeur. Il est triste seulement et amer que vous soyez le même rien qui vaille que tous les autres hommes, que vous n'ayez besoin chez la femme ni d'esprit, ni d'intelligence et seulement d'un corps, et de beauté et de jeunesse ! ... Vous avez besoin de pureté : Reinheit ! Reinheit ! ... Elle se renversa sur le dossier du fauteuil en riant : Reinheit !
Quand elle eut fini de rire, ses yeux étaient humides de larmes."
Anton Tchékov Trois ans
Jules Joseph Lefèbvre La Vérité
Jean Hélion Le Peintre piétiné par son modèle
René Magritte Les Amants
"Mais mon compagnon m’avait déjà laissé seul et, tout à coup, ― sans savoir comment, je me trouvai sur cette nouvelle terre, baigné de la lumière d’une journée paradisiaque. J’avais pris pied, me semble-t-il bien, sur l’une des îles de l’archipel grec ou sur une côte voisine. Oh ! que tout était bien terrestre, mais comme tout brillait d’une lumière de fête ! Une mer caressante, d’une couleur smaragdine, frôlait la plage, qu’elle semblait baiser avec un amour presque conscient. De grands arbres innombrables, fleuris et parés de belles feuilles brillantes, me félicitaient, j’en suis sûr, de mon arrivée, tant leur frisselis faisait une tendre musique. L’herbe était diaprée de fleurs embaumées. Dans l’air, des oiseaux volaient par troupes, et beaucoup d’entre eux, sans montrer la moindre frayeur, venaient se poser sur mes mains, sur mes épaules en battant gentiment des ailes. Bientôt les hommes de cette terre heureuse vinrent à moi, ils m’entourèrent joyeusement et m’embrassèrent. Comme ces enfants d’un autre soleil étaient beaux ! Sur mon ancienne terre, pareille beauté était introuvable. C’est à peine si chez nos plus petits enfants on pourrait découvrir un faible reflet de cette beauté. Les yeux de ces êtres heureux brillaient d’un doux éclat. Leurs visages exprimaient la sagesse et une conscience sereine, une gaîté charmante. Leurs voix étaient pures et joyeuses comme des voix d’enfants. Dès le premier regard, je compris tout. J’étais sur une terre qui n’avait pas encore été profanée par le péché. L’humanité vivait comme la légende veut qu’aient vécu nos premiers ancêtres, dans un paradis terrestre. Et ces hommes étaient si bons que, lorsqu’ils m’emmenèrent vers leurs demeures, ils s’efforçaient, par tous les moyens, de chasser de mon être le plus léger soupçon de tristesse. Ils ne m’interrogeaient pas, mais ils semblaient savoir tout ce qui me concernait, et leur plus grand souci était de me voir redevenir vraiment heureux."
Fiodor Dostoïevski Journal d'un écrivain
Le Rêve d'un drôle d'homme (récit fantastique)
Dominique Mertens Peintre et modèle (encre et crayon)
"Ging heut' morgen über's Feld"
Ce matin, j'ai marché à travers les champs
"Ce matin, j'ai marché à travers les champs,
La rosée était encore accrochée à l'herbe ;
Le joyeux pinson me parlait :
"Eh, toi ! N'est-ce pas ? Quel beau matin ! N'est-ce pas ?
Toi ! Le monde ne sera-t-il pas beau ?
Cui-cui ! Beau et vif !
Comme le monde me plaît !"
Et dans le champ les campanules
gaiement, ding-ding,
m'ont carillonné avec leurs clochettes
leur bonjour :
"Le monde ne sera-t-il pas beau ?
Ding-ding ! Il sera beau !
Comme le monde me plaît ! Holà !"
Et alors, dans l'éclat du soleil,
le monde commença soudain à briller ;
tout a gagné son et couleur
dans l'éclat du soleil !
Fleur et oiseau, petit et grand !
"Bonjour, le monde n'est-il pas beau ?
Eh, toi! N'est-ce pas ? Un beau monde !"
Mon bonheur commencera-t-il maintenant aussi ?
Non, non, ce à quoi je pense
Ne fleurira jamais !"
extrait de
Lieder eines fahrenden Gesellen
(Chants d'un compagnon errant)
de Gustav Mahler (et repris dans sa Symphonie n°1)
"Wenn mein Schatz Hochzeit macht"
Quand ma bien-aimée aura ses noces
"Quand ma bien-aimée aura ses noces,
Ses noces joyeuses,
J'aurai mon jour de chagrin !
J'irai dans ma petite chambre,
Ma petite chambre sombre !
Je pleurerai sur ma bien-aimée,
Sur ma chère bien-aimée !
Petite fleur bleue ! Ne te dessèche pas !
Gentil petit oiseau !
Tu chantes au-dessus du pré vert.
Ah, que le monde est beau !
cui-cui ! cui-cui !
Ne chantez pas ! Ne fleurissez pas !
Le printemps est fini !
Tous les chants sont terminés maintenant !
La nuit quand je vais dormir,
Je pense à mon chagrin,
À mon chagrin."
extrait de
Lieder eines fahrenden Gesellen
(Chants d'un compagnon errant)
de Gustav Mahler (et repris dans sa Symphonie n°1)
... à suivre .....
15:11 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bonheur, ann radcliffe, gothique, fantastique, charlotte dacre, l'abbaye de grasville, zofloya ou le maure, george moore, eliza parsons, le château de wolfenbach, blogs gothiques, john simmons, dans ses yeux je voyais ma vie, sandro botticelli, edmund blair leighton, réseaux sociaux, dostoïevski | Facebook |
06/04/2018
Au-delà du Gothique et du Fantastique
Au-delà du Gothique
“Il y a dans le coeur d'une femme qui commence à aimer
un immense besoin de souffrir."
Charles Nodier Smarra
la voie de la moindre résistance…
"La souffrance est l'unique cause
de la conscience"
Fiodor Dostoïevski
"Il fait nuit ! ... et l'enfer va se rouvrir !"
Charles Nodier Smarra
"Tous avaient écouté en silence le récit d'Anne Savichena, surtout les dames. Beaucoup d'entre elles en secret voulaient du bien à Doubrovski, (un brigand notoire) voyant en lui un type de héros romanesque, principalement Marie Kirilovna, à cause de son imagination ardente nourrie des horreurs mystérieuses de (Anne) Radcliffe."
Alexandre Pouchkine Doubrovski
"Sa souffrance faisait peine à voir. C'était le tourment d'un esprit consciencieux, indicible, torturé par une responsabilité incompréhensible concernant des vies humaines."
Charles Dickens Le signaleur
"Celui qui se ment à lui-même et écoute son propre mensonge va jusqu'à ne plus distinguer la vérité ni en lui ni autour de lui ; il perd donc le respect de lui et des autres. Ne respectant personne, il cesse d'aimer, et pour s'occuper et se distraire, en l'absence d'amour, il s'adonne aux passions et aux grossières jouissances ; il va jusqu'à la bestialité dans ses vices, et tout cela provient du mensonge continuel à lui-même et aux autres. Celui qui se ment à lui-même peut être le premier à s'offenser. On éprouve parfois du plaisir à s’offenser, n’est-ce pas ? Un individu sait que personne ne l’a offensé, mais qu’il s’est lui-même forgé une offense, noircissant à plaisir le tableau, qu’il s’est attaché à un mot et a fait d’un monticule une montagne, – il le sait, pourtant il est le premier à s’offenser, jusqu’à en éprouver une grande satisfaction ; par là – même il parvient à la véritable haine…"
Fiodor Dostoïevski Les Frères Karamazov
« Hé ! Vous, là-bas ! Attention ! Attention ! Pour l'amour du ciel, écartez-vous ! »
Charles Dickens Le signaleur
"Je repris ma descente et parvins au niveau de la ligne de chemin de fer ; je m'avançai alors vers lui et, en m'approchant, je constatai que c'était un homme au teint jaunâtre et qu'il avait une barbe noire et des sourcils épais. Son poste était situé dans l'un des endroits les plus solitaires et les plus lugubres que j'eusse jamais vus. De chaque côté une paroi ruisselante de pierre tailladée qui, pour tout paysage, ne laissait voir qu'une étroite bande de ciel ; la perspective à une extrémité n'était qu'une prolongation tortueuse de ce vaste cachot ; dans l'autre direction la perspective était moins étendue ; elle se terminait par un morne signal rouge et par l'entrée, plus morne encore, d'un tunnel noir dont l'architecture massive avait un aspect primitif, rébarbatif et accablant. Le soleil avait tant de peine à se glisser jusqu'à ce lieu qu'il y flottait une odeur mortelle de terre humide ; d'autre part un vent froid y soufflait si vigoureusement que je me sentis glacé tout à coup, comme si je venais de quitter le monde des vivants."
Charles Dickens Le signaleur
"Et alors s'écroulera la puissance factice de ceux qui ne sont forts que de leur avidité, la terre se dérobera sous leurs pas, ils ne sauront plus sur quoi s'appuyer."
Maxime Gorki La Mère
"Pour être heureux jusqu'à un certain point, il faut que nous ayons souffert jusqu'au même point"
Edgar Allan Poe
Friedrich Nietsche a dit :
"Vivre, c'est souffrir,
et survivre, c'est trouver un sens
à la souffrance"
Lovis Corinth la déposition du corps du Christ
"Depuis longtemps réprouvé, il (un ange déchu) errait dans les solitudes du monde sans trouver un asile. Et cependant les siècles succédaient aux siècles, les instants aux instants. Lui, dominant le misérable genre humain, semait le mal sans plaisir et nulle part ne rencontrait de résistance à ses habiles séductions. Aussi le mal l’ennuyait…"
Lermontov Le Démon (extrait)
"Et le démon la vit !… Et à l’instant même il ressentit dans tout son être une agitation étrange. Une bienfaisante harmonie vibra dans la solitude de son âme muette, et de nouveau il put comprendre cette divine merveille d’amour de douceur et d’incomparable beauté. Longtemps il admira cette tendre image et les rêves d’un bonheur évanoui se déroulèrent encore devant lui, comme une longue chaîne ou comme les groupes d’étoiles au firmament. Cloué par une force invisible, il fit connaissance avec une nouvelle tristesse et soudain le sentiment fit résonner en lui sa puissante voix d’autrefois. Était-ce un symptôme de régénération ? au fond de son âme, il ne pouvait trouver des paroles de perfide séduction. Devait-il oublier ? Mais Dieu lui refusa l’oubli et du reste, il ne l’eût point accepté !"
Lermontov Le Démon (extrait)
"La pauvre Tamara s’est jetée sur sa couche en sanglotant, ses larmes coulent avec abondance, et son sein gonflé se soulève péniblement !… tout à coup au-dessus d’elle une voix surnaturelle se fait entendre : « Ne pleure pas enfant, ne pleure pas en vain ; tes larmes ne peuvent tomber sur ce cadavre muet comme une rosée vivifiante ; les larmes ne peuvent que ternir le regard limpide des jeunes filles et creuser leurs joues. Il est bien loin déjà ; il ne connaîtra point ta douleur et ne pourra l’apprécier ; la lumière céleste réjouit maintenant ses yeux qui n’ont plus rien de ce monde et il n’entend plus que les concerts du paradis. Que sont les rêves insignifiants de la vie, et les gémissements et les larmes d’une pauvre fille, pour un hôte des cieux ? Rien. Non ! le sort d’une créature mortelle, crois-moi, mon ange terrestre, ne vaut pas un seul instant de ta chère tristesse. À travers les océans éthérés sans gouvernail et sans voiles, les chœurs des astres brillants voguent doucement au milieu des vapeurs ; dans les espaces infinis des cieux, les groupes floconneux des nuages impalpables passent sans laisser de trace ; l’heure de la séparation, l’heure du retour, n’ont pour eux ni joie ni tristesse ; pour eux l’avenir est vide de désirs et le passé sans regret. En ce jour d’affreux malheurs souviens-toi d’eux, bannis toute pensée terrestre, et comme eux, écarte de toi tout souci : dès que la nuit enveloppera de son ombre les sommets du Caucase ; dès que sous la puissance d’une voix magique, le monde charmé se taira ; dès que la brise du soir agitera sur les rochers l’herbe fanée, que les petits oiseaux cachés sous elle sautilleront plus gaiement dans l’ombre, et que sous les branches de la vigne la fleur des nuits s’épanouira pour boire avide- -ment la rosée céleste ; dès que la lune argentée montera lentement derrière la montagne et jettera sur toi ses regards indiscrets, je volerai aussitôt vers toi, je serai ton hôte jusqu’au jour et sur tes paupières aux cils soyeux je ferai éclore des songes d’or. »
Lermontov Le démon (extrait)
« O Père ! O Père ! cesse tes reproches ; ne gronde pas ta Tamara. Tu vois ses larmes ? Hélas ! ce ne sont pas les premières ! Je ne serai la femme de personne !... Dis à ceux qui demandent ma main, que mon époux repose dans la terre humide et que je ne puis donner mon cœur ! Depuis le jour où nous ensevelîmes son cadavre sanglant dans la montagne, un esprit perfide me poursuit avec une vision que je ne puis écarter et au milieu du calme des nuits, des songes tristes et étranges viennent jeter le trouble en moi. Mes pensées et mes paroles s’égarent confusément ; une flamme emplit tout mon sang ; je me dessèche et me flétris de jour en jour. O mon père ! Mon âme souffre ! Aie pitié de moi ! Livre au saint lieu ta fille déraisonnable ; là, je serai sous la protection du Sauveur et à ses pieds j’épancherai ma douleur. Ici-bas, il n’y a déjà plus de joie pour moi..... Que bientôt à l’ombre paisible des autels, une sombre cellule se referme sur moi, comme une tombe. »
Lermontov Le démon (extrait)
Giuseppe Molteni La Signora di Monza
"Le brouillard du soir a déjà couvert de ses vapeurs légères les collines de la Géorgie, et fidèle à sa douce habitude, le démon a dirigé son vol vers le couvent. Mais bien longtemps il n’osa violer ce paisible asile de la vertu. Il y eut même un moment où il parut prêt à abandonner ses affreux projets. Il errait mélancoliquement autour des murs élevés et ses pas, plus légers que le vent, faisaient doucement frissonner les feuilles dans l’ombre. Puis il levait les yeux vers cette fenêtre, qu’illuminait l’éclat de la lampe. C’est là qu’elle attendait depuis si longtemps. Soudain, au milieu de ce silence universel, une harpe harmonieuse vibra et des chants sonores résonnèrent ; ces sons semblaient se suivre avec mesure comme coulent des pleurs. C’était une mélodie si tendre, qu’elle paraissait avoir été composée au ciel pour la terre. On aurait dit un ange descendu ici-bas mystérieusement, qui venait en visiter un autre oublié et qui lui parlait du passé, afin d’adoucir sa souffrance ! Et le démon comprit alors pour la première fois les douleurs et les agitations de l’amour. Effrayé, il veut s’éloigner ; mais ses ailes restent immobiles ! et ô prodige ! une larme roule lentement de ses yeux obscurcis !… On voit encore près de cette cellule une pierre que cette larme brûlante a traversée comme une flamme et ce n’était point une larme humaine !"
Lermontov Le démon (extrait)
« Disparais, esprit de doute et de ténèbres ; répondit le messager des cieux : tu as assez longtemps triomphé ; mais l’heure du jugement est venue, et que la sentence divine soit bénie ! Les jours de la tentation sont passés ; en quittant son enveloppe terrestre et périssable elle a secoué à jamais les chaînes du mal. Sache-le ! Depuis longtemps nous l’attendions ! Son âme était de celles dont la vie se compose d’un court instant de souffrances intolérables et de délices qu’on ne peut comprendre. Le Créateur les a tissées avec les cordes vivantes d’un meilleur monde ; elles ne sont point créées pour la terre et la terre n’est pas faite pour elles ; elle a expié ses doutes par d’atroces douleurs ; elle a souffert et aimé et le paradis lui est ouvert pour cet amour !"
Lermontov Le Démon
à suivre...
09:10 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gothique, fantastique, littérature fantastique, littérature gothique, citations | Facebook |
11/03/2018
La NUIT GOTHIQUE
LA N U I T G O T H I Q U E
"Ah ! Que revienne l'ombre de la nuit,
Qu'elle transforme les monde des humains !
Que par lambeaux le jour sera.
A toutes ces lumières sordides,
A ces méthodes particulières,
A ces cruelles habitudes,
O nuit, viens rôder dans mon corps,
Serre-moi, viens t'abîmer en moi,
Viens me faire oublier le jour !
Nuit, transfuge de ma déraison,
Epanouissement de mes sens,
Délivrée de toute mascarade,
Insoutenable aube à venir,
Je me dévore tant et si bien
Que le sommeil devient repos.
Pénètre-moi de ton silence,
Couvre-moi de ta plénitude.
Que l'aube devienne supportable.
Que l'aube devienne supportable."
(extraits de la chanson "La Nuit des errants"
album "Tapages nocturnes" de Catherine Ribeiro
avec la sublîmissime musique de Patrice Moullet
et de son groupe Alpes)
Dominique Mertens La Dame de la nuit
L A N U I T M Y S T I Q U E
Par une nuit obscure
(texte poétique de Saint-Jean de la Croix)
Par une nuit obscure,
enflammée d'un amour plein d'ardeur,
ô l'heureuse aventure,
j'allai sans être vue,
sortant de ma maison apaisée.
Dans l'obscur et très sûre,
par l'échelle secrète, déguisée,
ô l'heureuse aventure,
dans l'obscur, en cachette,
ma maison désormais apaisée.
Dans cette nuit heureuse,
en secret, car nul ne me voyait,
ni moi ne voyais rien,
sans autre lueur ni guide
que celle qui en mon cœur brûlait.
Celle-ci me guidait,
plus sûre que celle de midi
au lieu où m'attendait,
moi, je savais bien qui,
à un endroit où nul ne paraissait.
Ô nuit qui a conduit,
ô nuit plus aimable que l'aurore,
ô nuit qui a uni
l'ami avec l'aimée,
l'aimée en son ami transformée.
Contre mon sein fleuri
qui entier, pour lui seul, se gardait,
il resta endormi,
moi je le caressais
et l'éventail des cèdres l'éventait.
L'air venant du créneau,
quand mes doigts caressaient ses cheveux,
avec sa main légère
à mon cou me blessait,
et tenait en suspens tous mes sens.
M'oubliant, je restai
le visage penché sur l'ami.
Tout cessa, je cédai,
délaissant mon souci,
parmi les fleurs de lis oublié.
*exégèse exhaustive sur le site
abbaye-saint-benoit.ch/saints/carmel/jeandelacroix
Dominique Mertens détail de la fresque de la Vie
"La pensée ne livre rien de la pureté et des profondeurs de l'âme
ni de la vie du cœur, sinon les motifs qui la conduisent."
Edith Stein La Crèche et la croix
"Les enfants du monde appellent « liberté » le fait de n'être soumis à aucune volonté étrangère, et de n'être restreints par personne dans la satisfaction de leurs désirs et de leurs inclinations. Pour ce rêve de liberté, ils se jettent dans des combats sanglants, sacrifiant leur vie et leurs biens.
Par liberté, les enfants de Dieu entendent tout autre chose : suivre sans entrave l'Esprit de Dieu ; ils savent bien que les plus grands obstacles de sont pas à l'extérieur mais en nous. Quand la raison et la volonté poussent l'homme à être son propre maître, il ne remarque pas à quel point il se laisse abuser et asservir par ses désirs naturels."
Edith Stein La Crèche et la croix
"Arrivée au terme d'une longue et pénible carrière, le coeur flétri par les souffrances, et les yeux épuisés de larmes, mes pensées ne se tournent plus que vers le tombeau où je suis prête à descendre : pourquoi donc, trop généreuse amie, exigez-vous que je me nourrisse encore de ces douloureux souvenirs ? Telle a été la singularité de ma destinée, qu'après m'être vue attachée à l'humanité par les liens les plus sacrés, et par les plus douces espérances, il ne restera pourtant après moi aucune trace de mon existence, si ce n'est dans la conscience épouvantée de ceux qui m'ont marquée comme une victime expiatoire des crimes réunis de mes ancêtres, car sûrement je n'ai jamais mérité par moi-même le malheur de vivre comme j'ai vécu, et de mourir comme je mourrai bientôt."
sophia-lee le-souterrain
ce lieu où la nuit gothique
n'a ni commencement ni fin...
"Cette retraite n'était point, proprement parlant, une caverne, car elle était divisée en plusieurs compartiments et les murs étaient visiblement construits de main d'homme. Chaque appartement était séparé du reste par des passages qui aboutissaient à divers escaliers. Le jour nous venait par des lucarnes de verre peint si au-dessus de notre portée que nous ne soupçonnions point qu'il y eût un monde au-delà et si obscures que les rayons du soleil étaient presque un objet nouveau pour nous, quand nous sortîmes de cette retraite."
sophia-lee le-souterrain (the-recess)
sophia-lee (1750-1824) une des précurseures-du-genre-littéraire-gothique,
(son nom est souvent associé à celui de sa soeur, Harriet Lee)
dont le roman "le souterain" est à découvrir sur Google Books
"ô monde,
que les sentiments
qu'on puise dans tes cercles brillants
sont faux !"
sophia-lee le souterrain
Dominique Mertens L'Enjeu de toutes les manipulations
Dominique Mertens L' Enjeu de toutes les manipulations
cet indescriptible chaos
que nous portons en nous...
et qui, tous, nous aspirera
inexorablement... !
"Tu te dérobes à ma vue, et ne veux pas me voir. tous les feux du ciel see sont voilés. Dans cette nuit profonde, il ne se trouve rien, sous la voûte obscure du firmament, d'aussi ténébreux que mon coeur ; ma gloire infernale m'a même quitté"
charles_robert_maturin bertram_ou-le_château_d'_aldobrand
Dominique Mertens Détail de la Fresque de la Vie
extraits et illustration de "Julia,ou Le Château d'Aldobrand", roman d'Anne Radcliffe
Dominique Mertens détail de la Fresque de la Vie
extrait de "Emmeline, ou l' orpheline du château", roman de Charlotte Smith
Salvator Rosa Paysage avec un ermite
Angellore Errances (pochettte cd)
"Les sceptiques, les pessimistes sont des gens d'expérience qui ont payé de leur sang et de leurs souffrances leur dur savoir, leur compréhension de la guerre. C'est là que réside leur supériorité sur les innocents aux joues roses."
Vassili Grossman Vie et destin
Marcantonio Raimondi Le Massacre des innocents
Vassili Grossman Vie et destin (extrait 1)
Vassili Grossman Vie et destin (suite)
Vassili Grossman Vie et destin (suite)
Dominique Mertens L'axe de l'univers (encre et crayon)
Eye of solitude pochette cd
"Que d'autres se fassent raconter des histoires où il est question de fleurs et de soleil, moi, je choisis pour ma part les nuits obscures, les nuits d'aventures que hantent de fantastiques apparitions. Je choisis les destins cruels, les souffrances des coeurs désolés."
Selma Lagerlöf Gösta Berling
Carl Gustav Carus Le Colysée au clair de lune
Quentin Metsys Vieille femme se tirant les cheveux
"Que de fois m'attardant au clair de lune
J'ai guetté seul pour voir surgir ce spectre
Et parmi brume et rochers aperçu
ses cheveux lustrés, ses yeux solennels.
C'est le premier seigneur du gris Aspin,
Murmurent les anciens en secret,
Qui hante ainsi son château
Mais pourquoi -près de sa tombe là-bas
A mille lieues par-delà l'océan-
Sous la voûte du ciel anglais
Où ses cendres sont exilées
N'erre-t'-il plutôt ?
J'ai vu son portrait dans la grande salle,
Sur un mur à l'est il est suspendu
Et souvent quand le soleil décline
L'image comme un ange resplendit-
Et quand bleu et glacé le clair de lune
Pénètre à flots par les croisées spectrales
Cette image est comme un spectre elle aussi-
La salle est emplie de portraits précieux ;
Là se mêlent mystère et beauté-
A droite du sien, une belle enfant
Regarde en son cadre doré.
Tout pareil sont ses cheveux bouclés
Son grand oeil noir à la sombre lumière
Son teint pur, la blancheur de son front
Et pareil est son noble nom."
Emily Brontë poème (extrrait)
.....à suivre.....
10:49 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gothique, fantastique, citations gothiques, saint-jean de la croix, sophia lee, charles robert maturin, dominique mertens, blog gothique, vassili grossman | Facebook |
25/02/2018
SOLITUDE GOTHIQUE
SOLITUDE
DERELICTION
ABANDON
G O T H I Q U E
Theodor Kittelsen
"Mais son coeur ne tarda pas à s'attrister : tous les êtres s'abandonnaient à la joie ; chacun trouvait un ami pour lui communiquer son bonheur ; lui seul était isolé ; il n'avait personne avec qui se réjouir, personne avec qui partager ses chagrins. Se voir abandonné de tous ses semblables ; errer dans les régions de la nature sans avoir un être à qui l'on puisse dire : "Mon ami !", c'est pour l'homme la plus affreuse destinée. Pour un tel voyageur, chaque déplaisir, chaque infortune est double, parce que personne ne le plaint, parce que personne ne verse un baume charitable dans ses blessures. Un pareil enfant du malheur ne goûte aucune joie, parce qu'il n'est attendu chez lui par personne à qui son âme réserve ses sentiments, avec qui il puisse à son retour vider la coupe du bonheur. Celui qui n'a jamais éprouvé ce triste sort, celui qui ne fut jamais frappé de ce coup terrible ne saurait s'en former une véritable idée."
Christian heinrich Spiess Le Petit Pierre
"Il se livrait à de pareilles réflexions, lorsque la nuit survint et commença à cacher les mauvaises actions des hommes."
christian-heinrich-spiess le-petit-pierre
"Plût à Dieu que cette nuit fût éternelle !"
Christian heinrich Spiess Le Petit Pierre
"Ne désespère point, rodolphe : le temps secourable dérobe sans cesse quelque chose à la douleur humaine ; quelque grande qu'elle soit, il la diminue par degrés et bientôt elle disparaît sans laisser de trace."
Christian Heinrich Spiess Le petit Pierre
"tournent les ailes du vieux moulin..."
Tout ça pour ça... !!!
NAISSANCE
RENAISSANCE
EXISTENCE
"Faire flèche de tout bois"
Présence
"Quelque chose rampait autour de la blanche maison, au bord du Rhin, se glissait dans le jardin, passait devant les bancs effondrés et les chaises boiteuses, satisfait, le sabbat des chats, avides d'amour...
Quelque chose se glissait autour de la maison, grattait d'un ongle dur les murs dont le plâtre tombait en résonnant, cognait aux portes qui frémissaient doucement comme sous l'effet d'un vent léger.
Puis, la chose entrait dans la maison. Elle montait les escaliers, se déplaçait sans bruit à travers toutes les chambres, puis s'immobilisait et regardait autour d'elle en riant silencieusement."
hanns-heinz-ewers mandragore
la mare au diable, si chère à George Sand
"Quant à la terre, as-tu saisi le symbole, oncle ? C'est la fécondité. La terre, c'est la femme qui nourrit la semence qui fut déposée dans son sein ; la nourrit, la fait croître, fleurir et porter des fruits.
Prends donc ce qui est aussi fertile que la terre elle-même. Prends la femme."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
Jules Joseph Lefèbvre Marie-Madeleine
"C'est pour toi que je me suis rendu parjure ! s'écria-t-il, que je me suis perdu d'honneur ! Et tu me payes de tant de cruauté, de tant d'ingratitude ! Femme, il faut que j'obtienne ton amour, il faut que je te possède ou que je meure... Jamais je n'éprouverai de tourments pareils, jamais mon coeur ne fut consumé d'aussi brûlants désirs !"
Christian Heinrich Spiess Le petit Pierre
The Valkyrie's vigil Edward Robert Hugues
Giovanni Dupre Caïen
"- Pourquoi te désespérer ?
- Parce que je vis.
- Ta raison s'égare. Pouvons-nous te soulager ?
- Oui, plongez-moi dans les vagues dont vous m'avez retiré.
Alors le crime sera le vôtre."
charles-robert_maturin bertram_ou_le-château_d'_aldobrand
SEUL AU MONDE
EN FINIR !!!
"D'ailleurs, après que l'on eut pris toutes ces mesures légales, que l'on eut ouvert plusieurs tombes et privé plusieurs vampires de leur vie empruntée, le village ne fut pas délivré pour autant. Mais, un jour, un gentilhomme de Moravie, de passage à Karnstein, apprit l'état des choses, et, étant expert en la matière, comme le sont beaucoup de ses compatriotes, offrit de débarasser les villageois de leur bourreau.
Voici comment il procéda. Un soir de pleine lune, il monta, peu après le coucher du soleil, en haut du clocher de cette chapelle, d'où il pouvait observer le cimetière au-dessous de lui. Il resta à son poste de guet jusqu'au moment où il vit le vampire sortir de sa tombe, poser à terre le linceul dans lequel on l'avait enseveli, et se diriger vers le village pour en tourmenter les habitants.
Le gentilhomme descendit alors du clocher, s'empara du suaire et regagna son observatoire. Quand le vampire revint et ne retrouva pas son linceul, il se mit à invectiver furieusement le Morave qu'il avait aperçu au faîte du clocher, et qui, en réponse, lui fit signe de venir chercher son bien. Là-dessus, le vampire, ayant accepté cette invitation, commença à grimper ; mais, dès qu'il fut arrivé aux créneaux, le gentilhomme lui fendit la tête d'un coup d'épée, puis le précipita dans le cimetière. après quoi, ayant descendu l'escalier tournant, il alla retrouver sa victime et la décapita. le lendemain, il remit les restes du vampire aux villageois qui enfoncèrent un pieu dans le coeur du monstre, puis brûlèrent la tête et le corps, selon les rites consacrés."
sheridan-le-fanu carmilla
"Il faut en finir...!"
Dominique Mertens L'Ermite de la forêt
DELIVRANCE
DELIVRANCE
DELIVRANCE
Dominique Mertens Abandonnée au coeur de la forêt
SOLITUDE
ENFER
GOTHIQUE
monument funéraire de françoise-lanhay liège, cimetière-de-robermont
ABSENCE
NON-SENS
ESSENCE
La rencontre d'un ermite illustration pour l' "Orlando furioso"
"Oh ! Que plus personne dorénavant ne me vante les mérites de la solitude, que plus personne n'ose m'affirmer qu'elle signifie enrichissement moral, connaissance de soi ! Non ! La solitude n'est que misère et vacuité. Elle insulte à la nature, elle nie la vie, elle est le tombeau de l'âme !"
Charles-Robert Maturin Fatale vengeance
Dominique Mertens Larmes de vanité
Dominique Mertens La Dame sans espérance
"ô monde,
que les sentiments
qu'on puise dans tes cercles brillants
sont faux !"
sophia-lee Mathilde ou le souterrain
"Que le tocsin sonore gronde au loin sur les abîmes. Tout est consolation pour des malheureux dans un danger aussi extrême... Tout est possible... un nouvel espoir peut leur donner de la force, et la force peut les sauver."
charles_robert_maturin bertram-ou_le_château_de_saint-aldobrand
salvator-rosa_autoportrait
"Tu viens à moi, car c'est à moi seul que le profond secret de ton coeur peut être révélé, et ton imagination se complaît encore dans ce récit comme à savourer un poison délicieux."
charles_robert_maturin bertram_ou-le-château_d'_aldobrand
Dominique Mertens La Fresque de la Vie (détail)
"Le ciel était couvert de nuages, la lune ne devait pas paraître ; ainsi la nuit était extrêmement obscure. En vain essaya-t-il d'ouvrir la petite fenêtre qui lui donnait un peu d'air et de jour. Elle était scellée, cadenassée et garnie en dehors d'énormes barreaux."
Ann Radcliffe Julia, ou Les Souterrains du château de Mazzini
Vies Monotones
chanson de Gérard Manset (paroles et musique)
Nous avons des vies monotones,
Rien dans le coeur, rien dans la main.
Comme on ne dit plus rien à personne,
Nous avons des vies monotones,
Des maisons vides et fermées,
Des portes lourdes et blindées
Que n'ouvriront plus jamais personne.
Mais comme il faut bien qu'on vive,
S'asseoir avec le même convive,
C'est pas le festin qu'on croyait,
Pas de fusée, pas de vin, pas de sorbet,
Y a plus qu'à tirer la nappe à soi,
Continuer chacun pour soi.
Nous avons des vies monotones,
Rien dans le coeur, rien dans la main,
Comme on n'attend rien de personne,
On n'a plus réponse à rien.
Nous avons des vies monotones,
Entourés d'hommes et de chiens,
Ceux qui mangent dans notre main,
Ce sont ceux-là qu'on abandonne
Mais comme il faut bien qu'on vive
Ce soir avec le même convive,
C'est pas la fête qu'on croyait
Où sont les lumières qui brillaient.
Y a plus qu'à tirer la nappe à soi,
Continuer chacun pour soi.
Nous avons des vies sans mélange
Qui s'en iront de tous côtés,
Raides et droites comme une planche
Sur l'océan de pauvreté.
Dominique Mertens La Chute
"On ne connait que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !"
Antoine de Saint-Exupéry Le petit prince
La Solitude d'un saint homme...
Un jour de l'an 433, Saint Patrick cheminait avec un groupe de partisans du roi d'Irlande. Ayant eu vent que des druides lui avaient tendu une embuscade afin de le tuer, il pria et invoqua la protection divine, si bien que, lorsque le saint homme passa avec ses compagnons tout près des druides qui se tenaient cachés, ceux-ci ne virent en eux qu'un cerf entouré de ses quelques faons. Saint Patrick et ses hommes étaient sauvés !
"Je revêts en ce jour,
La force de Dieu pour me guider,
Ses oreilles pour entendre mon cri,
Ses yeux d'amour pour me veiller,
Sagesse de Dieu pour m'instruire,
Sa parole pour tailler mes mots,
Sa puissante main pour me tenir,
Ses anges pour me garder d'en haut.
Contre les filets des démons,
Les séductions des vices fatals,
Toutes mes mauvaises inclinations,
Les hommes qui me désirent du mal,
En haut, en bas, de loin, de près,
En toute heure et en tout lieu,
Contre toutes ces hostilités,
Je revêts toutes ces forces de Dieu."
(extrait du texte repris par Arvo Pärt dans son oeuvre "The deer's cry")
"Parmi cette détresse des rues et des maisons, dans cet éloignement du ciel, sur cette terre impure et stérile, Peredonov marchait... accablé ne le remarquait même plus. Quelquefois seulement on le lâchait sur un novice. Il importait peu à Tichkov qu'on l'écoutât ou non. Il ne pouvait s'empêcher de saisir au vol les paroles d'autrui et d'y accrocher quelque rime. Il se livrait à cet exercice avec la promptitude et la régularité d'une machine. A regarder longtemps ses gestes saccadés et précis, on aurait pu croire qu'il n'était point- un homme vivant mais qu'il était déjà mort ou plutôt qu'il n'avait jamais vécu et qu'il ne voyait et n'entendait rien autre dans ce monde que des mots sonnant dans le vide. Le ciel ne lui offrait pas de consolation et la terre ne lui donnait pas de joie, — car aujourd'hui comme toujours, il regardait le monde avec des yeux morts, — tel un démon languissant de terreur et d'ennui dans sa lugubre solitude. Sa sensibilité était obtuse et sa conscience n'était qu'un appareil avilissant et corrupteur; Tout ce qui parvenait jusqu'à elle devenait ordure et fange. En tout, il ne voyait que les défauts et s'en réjouissait. S'il passait devant un poteau droit et propre, il était aussitôt saisi de l'envie de le courber et de le souiller. Il riait de contentement quand on salissait quelque chose en sa présence. Il méprisait et tourmentait les collégiens bien lavés, les gratifiant de sobriquets ridicules. Les élèves sales lui plaisaient davantage. Peredonov n'aimait aucune chose ni aucun être humain. La nature ne pouvait agir sur sa sensibilité que d'une seule manière, en l'accablant. Il en était de même dans ses rencontres avec les hommes, surtout avec les étrangers et les inconnus à qui il ne pouvait dire de grossièretés. Etre heureux signifiait, pour lui, ne rien faire, se renfermer en lui-même et soigner son ventre."
Fiodor Sologoub Le Démon mesquin
La nuit tout autour de moi,
Les vents sauvages plus forts, plus froids ;
Mais un sort tyrannique me lie,
Mais je ne peux, je ne peux partir.
Se penchent les arbres géants,
Branches nues, lourdes de neige ;
La tempête rapidement dévale
Et pourtant je ne peux partir.
Nuages au-delà, nuages au-dessus de moi,
Déchets au-delà, déchets au-dessous;
Mais rien ne peut m’ébranler ;
Je ne veux et ne peux pas partir.
Mon âme n’est pas lâche
Elle ne tremble pas dans ce tumultueux monde troublé
Je vois scintiller les gloires du ciel
Et la Foi brille tout autant en m’apaisant contre la peur
O Dieu dans ma poitrine
Déité omnipotente, omniprésente
La vie, en moi, s’apaise,
Comme, Immortelle Vie, j’ai force en Toi
Vaines sont les mille croyances,
Qui chamboulent les cœurs des hommes, inutilement vaines,
Inutiles comme des mauvaises herbes sèches
Ou l’écume fougueux des mers sans bornes
Pour immiscer le doute en une âme,
Collée à son infinité,
Aussi sûrement ancrée sur
Le ferme rocher de l’Immortalité
Avec cet amour si large,
Ton esprit anime les éternelles années,
Au sommet, au-dessus, tout en haut,
Il change, soutient, dissout, il crée, il s’ouvre.
Même si la terre et la lune étaient parties
Et les soleils et les univers avaient cessé d’être
Et qu’il ne resterait que Toi
Toute existence existerait en toi
Emily Brontë La Nuit tout autour de moi (poème)
"Dieu, Dieu au-dedans de moi,
Divinité forte et puissante,
Vie, qui participe à mon être
Comme je participe à toi, vie immortelle !
Les mille Credo sont vains
Qui émeuvent les cœurs des hommes,
Vains comme des herbes séchées
Ou comme l’écume des mers...
D’un amour qui embrasse tout
Ton esprit anime les siècles,
Il me pénètre, il me réchauffe,
Il change, il soutient, il dissout,
Il me suscite et il m’élève.
Si la terre et l’homme passaient,
Si les soleils et les mondes sombraient ;
Et que toi seule demeurasses,
Vie, tout existerait en toi.
Il n’y a point de place pour la Mort,
Sa puissance ne peut anéantir un atome,
Toi, Vie, tu es l’Être et le Souffle,
Et ce que tu es ne peut être détruit."
Emily Brontë poème
artiste inconnu
12:05 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations gothiques, solitude, mysticisme, fantastique, blog gothique, emily brontë | Facebook |
11/02/2018
NAITRE AU GOTHIQUE
naître au gothique
c'est naître à la vie
Dominique Mertens L'Oeil de Dieu donne vie aux spermatozoïdes
(détail de La Fresque de la Vie)
Dominique Mertens L'Oeil-de-Dieu
Dominique Mertns La Migration des spermatozoïdes
Dominique Mertens In utero 1
Dominique Mertens In utero 2
Dominique Mertens In utero 3
Dominique Mertens Le sablier-uterus
Parcourons le journal d'une gothique,
extrait du chef-d'oeuvre de Charles-Robert Maturin,
"Fatale vengeance", publié aux éditions José Corti,
notre fournisseur attitré de Gothique.
jose-corti.fr
"Ce 1er avril"
"Il est minuit... tout se tait autour de moi... pas un souffle de vent, pas un murmure. Et moi, au sein de ce repos de la nature, comment suis-je , Que suis-je ? ... Quel est ce trouble de mon âme que semble encore accentuer la paix qui m'entoure ? Qui ai-je vu ? Je n'en sais rien ; je ne veux pas prononcer son nom ; je ne veux pas penser à ce qu'il est. Je ressens un tel bonheur ! Il n'y a place pour rien d'autre. Mes sentiments m'appartiennent ; ils sont mon trésor secret. La joie que je sens en moi est suave et caressante comme une belle journée de printemps. Il n'y a personne d'aussi heureux que moi cette nuit... Sauf lui peut-être ? Il est si beau ! ... Comment peut-on être à la fois bercée par une douce quiétude et secouée par la tempête ? Mes esprits sont agités, mais mon âme est paisible..." (suite ci-dessous)
Charles-Robert Maturin Fatale vengeance
Dominique Mertens Naissance au gothique
Dominique Mertens Naissance au gothique
Dominique Mertens La dame sans espoir de retour
Dominique Mertens La Femme est née de l'eau
Viens...!!!
Viens...!!!
Et prends-moi...!
naître au gothique
c'est naître à la mort
naître-au-gothique encre de l'auteur
"Enlever ses vêtements, reprit-il, comporte une autre signification, positive celle-ci, et dont tu ne peux qu'être fier. Par ce geste on rejette, pour renaître à la vérité, ce qui nous a été imposé par la coutume, on disparaît du monde pour rejaillir dans la lumière, purifié. Si le grain ne meurt, comment porterait-il son fruit ?"
Dominique Fernandez La Société du mystère
et
remonter le courant
de
la Vie, cette vierge blanche
Dominique Mertens Vierge blanche
et de
la Mort, cette vierge noire
Dominique Mertens Vierge noire
"Que j'aime à voir la décadence
de ces vieux chasteaux ruinez
"""""""""""""""
Contre qui les ans mutinez
Ont déployé leur insolence !
Les sorciers y ont leur sabat ;
Les démons follets s'y retirent,
Qui d'un malicieux ébat
Trompent nos sens et nous martirent ;
Là se nichent en mille trou,
Les couleuvres et les hyboux.
L'orfraye, avec ses cris funèbres,
Mortels augures des destins,
Fait rire et danser les lutins,
Dans ces leix remplis de ténèbres.
Sous un chevron de bois maudit
Y branle le squelette horrible
D'un pauvre amant qui se pendit
Pour une bergère insensible ..."
marc-antoine-de-gérard-de-saint-amant la-solitude
du sieur de Saint-Amant
"Les cheveux hérissez, j'entre en des resveries
De contes de sorciers, de sabaths, de furies ;
J'erre dans les enfers, je raude dans les cieux ;
L'âme de mon ayeul se présente à mes yeux ;
Ce fantôme léger, coiffé d'un vieux suaire,
Et tristement vestu d'un long drap mortuaire,
A pas affreux et lents, s'approche de mon lit ;
Mon sang en est glacé, mon visage en paslit,
De frayeur mon bonnet sur mes cheveux se dresse,
Je sens sur l'estomach un fardeau qui m'oppresse.
Je voudrais bien crier, mais je l'essaye en vain :
il me ferme la bouche avec sa froide main..."
marc antoine de gérard de saint amant les visions
"... Au travers de ce feu puant, bleuastre et sombre,
J'entrevoy cheminer la figure d'une ombre,
J'entends passer dans l'air certains gémissements,
J'avise, en me tournant, un spectre d'ossements,
Lors, jettant un grand cry qui jusqu'au ciel transperce,
Sans poux et sans couleur, je tombe à la renverse."
marc antoine de gérard de saint amant les visions
malédiction !!!
Claudine
Guérin de Tencin
une des innombrables précurseures du genre littéraire gothique
dont voici un extrait de l'adaptation de son roman "Mémoires du Comte de Comminge " au théâtre par Baculard d'Arnaud
sous le titre "Les Amants malheureux, ou Le Comte de Comminge" :
"un souterrain vaste et profond consacré aux sépultures de la trappe ; deux ailes du cloître, fort longues et à perte de vue, y viennent aboutir ; on y descend par deux escaliers de pierres grossièrement taillées et d'une vingtaine de degrés. il n'est éclairé que d'une lampe. au fond s'élève une grande croix, telle qu'on en voit dans nos cimetières, au bas de laquelle est adossé un sépulchre peu élevé, et formé de pierres brutes ; plusieurs têtes de mort amoncelées lient ce monument avec la croix ; c'est le tombeau du célèbre abbé de Rancé, fondateur de la Trappe. Plus avant, du côté gauche, est une tombe qui paraît nouvellement creusée, sur les bords de laquelle sont une pioche, une pelle, etc. Au devant de la scène, dans un des côtés à droite, est une autre fosse. Sur les ailes du souterrain, se distinguent de distance en distance, et à peu de hauteur de terre, une infinité de petites croix qui désignent les sépultures des religieux."
malédiction !!!
illustration de l'ouvrage de Baculard d'Arnaud,
" Le Comte de Comminges ou Les Amants malheureux"
"En disant ces derniers mots, le marquis sortit avec fureur de son cabinet. Julia avait succombé à l'effroi de cette sorte de malédiction. Ses jambes ayant cessé de la soutenir, elle était tombée à la renverse sur le parquet. Seule et sans secours, ce ne fut qu'au bout de quelques heures qu'elle revint de son évanouissement. Alors elle essaya de sortir de ce funeste cabinet, en s'appuyant tantôt contre un meuble, tantôt contre le mur."
anne_radcliffe julia_ou_les_souterrains_du_château_de_mazzini
malédiction !!!
"Je m'avance, égaré, dans des plaines désertes :
De la destruction elles étaient couvertes,
Du fonds de noirs tombeaux, antiques monuments
J'entendais s'échapper de longs gémissements ;
Dans les débris épars de ces vieux mausollées,
Je voyais se traîner des ombres désollées ;
D'un lamentable écho ces champs retentissaient ;
Des monceaux de cercueils jusqu'aux cieux s'entassaient..."
Baculard d'Arnaud
Le Comte de Comminges ou Les Amants malheureux
Dominique Mertens détail de la fresque de la Vie
illustration pour le roman de "emmeline_ou_l'_orpheline_du_château"
de charlotte_turner_smith
Dominique Mertens détail de la fresque de la Vie
illustration pour le roman "emmeline_ou_l'_orpheline_du_château" de charlotte_turner_smith
Et maintenant,
que se déchaîne
le souffle de l'esprit...
"Ida Munster, sorcière accusée de meurtre et de haute trahison, apparais !
Nous, les secrets vengeurs de l'Eternel,
nous te citons à comparaître devant le tribunal de Dieu
endéans les trois jours !"
christiane_bénédicte-naubert herman_of_unna
illustration pour"le_spectre_du_château", pièce de théâtre de matthew_gregory_lewis
david_teniers scène de sabbath_des_sorcières
accoucher ! accoucher au plus vite !!
Dominique Mertens Naissance gothique (encre et crayon)
Apparais...!!!
"Apparais...!!!"
"Apparais...!!!"
" Apparais...!!! "
"Apparais !!!"
..... à suivre.....
12:26 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature gothique, fantastique, amour, marc antoine de gérard de saint amant, guérin de tencin, baculard d'arnaud, blog gothique, accouchement, naissance, dominique fernandez | Facebook |
04/01/2018
pré-gothiques, gothiques, romantiques, post-gothiques et néo-gothiques dans la tourmente
pré-gothiques,
gothiques,
romantiques,
post-gothiques
et néo-gothiques
dans la tourmente
révolutionnaire
"Le sang, poursuivit-il après un silence, le sang est une chose sainte ; le sang ne doit pas voir le soleil de Dieu. Le sang est naturellement caché à la lumière et c'est un grand péché d'exposer le sang à la lumière, c'est un grand péché. Ah ! c'est un grand péché !"
Ivan Tourguéniev Récits d'un chasseur
Rodriguez Guitierrez les derniers instants d'Atala
John Joseph Barker Paysage forestier
"Cette impossibilité de durée et de longueur dans les liaisons humaines, cet oubli profond qui nous suit, cet invincible silence qui s'empare de notre tombe et s'étend de là sur notre maison, me ramènent sans cesse à la nécessité de l'isolement. Toute main est bonne pour nous donner le verre d'eau dont nous pouvons avoir besoin dans la fièvre de la mort."
François René de Chateaubriand Mémoires d'outre-tombe
"C'est par la mort qu'on arrive à la présence de Dieu."
François René de Chateaubriand
Girodet Atala au tombeau
François René de Chateaubriand
et le château familial de Combourg
"La vie est une peste permanente. Cette chaîne de deuil et de funérailles qui nous entortille, ne se brise point, elle s'allonge ; nous en formerons nous-mêmes un anneau."
idem
Jacques Bertaux Prise du Palais des Tuileries
"Ces récits occupaient tout le temps du coucher de ma mère et de ma soeur : elles se mettaient au lit mourantes de peur ; je me retirais au haut de ma tourelle ; la cuisinière rentrait dans la grosse tour, et les domestiques descendaient dans leur souterrain.
La fenêtre de mon donjon s'ouvrait sur la cour intérieure ; le jour, j'avais en perspective les créneaux de la courtine opposée, où végétaient des scolopendres et croissait un prunier sauvage. Quelques martinets qui, durant l'été, s'enfonçaient en criant dans les trous du mur, étaient mes seuls compagnons. La nuit, je n'apercevais qu'un petit morceau du ciel et quelques étoiles. Lorsque la lune brillait et qu'elle s'abaissait à l'occident, j'en étais averti par ses rayons, qui venaient à mon lit au travers des carreaux losangés de la fenêtre. Des chouettes, voletaient d'une tour à l'autre, passant et repassant entre la lune et moi, dessinaient sur mes rideaux l'ombre mobile de leurs ailes. Relégué dans l'endroit le plus désert, à l'ouverture des galeries, je ne perdais pas un murmure des ténèbres. Quelques fois, le vent semblait courir à pas légers ; quelques fois il laissait échapper des plaintes ; tout à coup, ma porte était ébranlée avec violence, les souterrains poussaient des mugissements, puis ces bruits expiraient pour recommencer encore."
"Aucun jour n'a suivi la nuit, aucune nuit n'a été suivie de l'aurore, qui n'ait entendu des pleurs mêlés à des vagissements douloureux, compagnons de la mort et du noir trépas."
idem
"Ma pensée errait ainsi à l'aventure, lorsqu'une jeune fille s'éleva du milieu des ondes, à quelque distance. Ses beaux cheveux n'étaient pas agités par le vent. Semblable à la lune argentée pendant une nuit d'hiver, elle vint à moi, douce et souriant d'aise.
Elle n'avait ni manteau de pourpre avec de riches broderies, ni souliers avec des nœuds de rubans, ni robe fastueuse de la couleur du ciel. Elle ne portait pas d'autres vêtements que sa beauté. Elle était nue, et semblait jeune. Tout me fit penser que je voyais la Vérité.
Les boucles de sa brune chevelure couvraient modestement ce qui doit être caché à tous les regards. Elles jouaient sur son corps blanc et sans tache comme des veines sombres dans une carrière d'albâtre que le voyageur aperçoit dans le lointain.
Rempli d'étonnement, je restai immobile et sans voix, émerveillé davantage à mesure que la vision approchait. Mes membres engourdis semblaient se refuser à la fuite ; mais je sentis mon trouble s'évanouir quand elle arriva auprès de moi dans toute la splendeur de sa nudité.
Je n'eus pas une seule pensée voluptueuse; je me souvenais bien que j'étais arrêté par des vœux. J'avais d'ailleurs dans ma poche une croix qui devait préserver mon âme de tout péché. Je regardai la jeune fille d'un œil aussi pur que celui d'un ange, et ne fus tourmenté d'aucune pensée diabolique.
Avec un doux maintien et une grâce divine, elle commença à parler. Les paroles de la Vérité sont l'image de son âme. Elle a toujours détesté la fausse éloquence. La douceur éclate dans tous les mots qu'elle prononce, quoiqu'elle s'efforce de ne pas faire briller ce penchant et de paraître sévère.
Elle me dit : Ma simple venue doit t'apprendre mon nom et mon caractère qu'on dédaigne ; je suis la Vérité descendue autrefois du ciel. Les mauvais riches et les courtisans me regardent comme une étrangère. J'ai vu tes plus intimes pensées, et viens t'éveiller de ton rêve."
Thomas Chatterton (1752-1770) Les poèmes de Rowley
Histoire de William Ganynge
Dominique Mertens Naissance au Gothique (encre)
Dominique Mertens Virginité (encre)
John Barker Thomas Chatterton dans sa chambre
Henri Wallis La mort de Chatterton
(Thomas Chatterton s'est donné la mort à l'âge de 18 ans)
"L'argent ne représente qu'une nouvelle forme d'esclavage impersonnel à la place de l'ancien esclavage personnel."
Léon Tolstoi La Sonate à Kreutzer
"Dès ce moment, j'entrevis que d'aimer et d'être aimé d'une manière qui m'était inconnue, devait être la félicité suprême. Si j'avais fait ce que font les autres hommes, j'aurais bientôt appris les peines et les plaisirs de la passion dont je portais le germe ; mais tout prenait en moi un caractère extraordinaire. L'ardeur de mon imagination, ma timidité, la solitude firent qu'au lieu de me jeter au dehors, je me repliai sur moi-même ; faute d'objet réel, j'évoquai par la puissance de mes vagues désirs un fantôme qui ne me quitta plus. Je ne sais si l'histoire du coeur humain offre un autre exemple de cette nature."
François René de Chateaubriand Mémoires d'outre-tombe
Lucile de Chateaubriand, soeur tant adorée de François René de Chateaubriand
"Je me composai donc une femme de toutes les femmes que j'avais vues : elle avait la taille, les cheveux et le sourire de l'étrangère qui m'avait pressé contre son sein. (.....)
Cette charmeresse me suivait partout invisible ; je m'entretenais avec elle, comme avec un être réel ; elle variait au gré de ma folie. (......)
Sans cesse, je retouchais ma toile ; j'enlevais un appas à ma beauté pour le remplacer par un autre. Je changeais aussi ses parures. (.....)
Ma femme unique se transformait en une multitude de femmes, dans lesquelles j'idolâtrais séparément les charmes que j'avais adorés réunis."
idem
Dominique Mertens Dans la crypte (encre)
"Au nord du château s'étendait une lande semée de pierres druidiques ; j'allais m'asseoir sur une de ces pierres au soleil couchant. La cime dorée des bois, la splendeur de la terre, l'étoile du soir scintillant à travers les nuages de rose, me ramenaient à mes songes : j'aurais voulu jouir de ce spectacle avec l'idéal objet de mes désirs. Je suivais en pensée l'astre du jour, je lui donnais ma beauté à conduire afin qu'il la présentât radieuse avec lui aux hommages de l'univers. "
idem
La Rumeur
Claude Lorrain Coucher de soleil
"Combien rapidement et que de fois nous changeons d'existence et de chimère ! Des amis nous quittent, d'autres leur succèdent ; nos liaisons varient : il y a toujours un temps où nous ne possédions rien de ce que nous possédons, un temps où nous n'avons rien de ce que nous eûmes. L'homme n'a pas une seule et même vie ; il en a plusieurs mises bout à bout, et c'est sa misère."
idem
Chateaubriand nous a légué une description minutieuse des différentes péripéties de la Révolution française dans ses "Mémoires d'outre-tombe", contexte indissociable de la littérature gothique.
"En considérant l'être entier, en pesant le bien et le mal, on serait tenté de désirer tout accident qui porte à l'oubli , comme un moyen d'échapper à soi-même : un ivrogne joyeux est une créature heureuse. Religion à part, le bonheur est de s'ignorer et d'arriver à la mort sans avoir senti la vie."
François René de Chateaubriand Mémoires d'outre-tombe
ci-dessous le texte-type d'une condamnation à mort
Exécuteur des jugements criminets.
Tribunal révolutionnaire.
L'exécuteur des jugements criminels ne fera faute de se rendre à la maison de justice de la Conciergerie,
pour y mettre à exécution le jugement qui condamne
xxxxx (liste des noms)xxxxx
à la peine de mort.
L'exécution aura lieu aujourd'hui, à cinq heures précises, sur la place de la Révolution de cette ville. (Paris)
L'accusateur public, H.Q.Fouquier.
Fait au Tribunal, le trois floréal, l'an second de la République française
Elisabeth Vigée-Lebrun Madame Du Barry (avant !)
"L'exécution de Madame Du Barry eut lieu sur l'actuelle place de la concorde, le 8 décembre 1793. En hâte, Madame du Barry fit fiévreusement l'énumération de tous ses biens en espérant ainsi sauver sa vie, comme les autorités le lui auraient fait croire. On a affirmé qu'aux derniers instants le courage l'abandonna. Pourtant, elle avait montré, à plusieurs reprises, une indéniable fermeté face à la mort. La certitude d'une erreur ou d'une trahison peuvent expliquer ses sentiments de panique et de désespoir. On dut la traîner jusqu'à l'échafaud. Elle se débattait, pleurait, implorait…"
(extrait de Wikipaedia)
Madame Du Barry (après !)
"Dans ces milliers de romans, qui ont inondé l'Angleterre depuis un demi-siècle, deux ont gardé leur place : Calek Williams et Le Moine. Je ne vis point Goldwin pendant ma retraite à Londres ; mais je rencontrai deux fois Lewis . C'était un jeune membre des Communes fort agréable, et qui avait l'air et les manières d'un Français. Les ouvrages d'Anne Radcliffe font une espèce à part. "
idem
Claude Lorrain Paysage avec la tentation de Saint-Antoine
William Blake illustration pour le "Paradis Perdu" de Milton
"Enfin il entendit ce petit choc produit par l'échappement de la pendule au moment où l'heure va sonner. Une pâleur subite et profonde se répandit sur le visage de Luizzi ; il demeura immobile, et ferma les yeux comme un homme qui va se trouver mal. Le premier coup de deux heures résonna alors dans le silence. Ce bruit sembla tirer Armand de son affaissement ; et, avant que le second coup fût sonné, il avait saisi une petite clochette d'argent posée sur la table et l'avait violemment agitée en prononçant ce seul mot :
Viens !!!
Frédéric Soulié Les Mémoires du Diable
"C'était bien l'ange déchu que la poésie a rêvé : type de beauté flétri par la douleur, altéré par la haine, dégradé par la débauche, il gardait encore, tant que son visage restait immobile, une trace endormie de son origine céleste ; mais, dès qu'il parlait, l'action de ses traits dénotait une existence où avaient passé toutes les mauvaises passions."
idem
"Le nouveau venu se pencha négligemment à l'arrière et dirigea vers le foyer l'index et le pouce de sa main blanche et effilée ; ces deux doigts s'allongèrent indéfiniment comme une paire de pincettes et prirent un charbon."
idem
"Damnation !
Vous pouvez dire tout ce qu'il vous plaira ,
vous n'y gagnerez rien ; ce que je
ne me pardonne pas , c'est de vous
avoir écouté ici un moment... Je ne
permettrai pas que l'on arrête le cours
de ma vengeance ; si je fais grâce, ce
ne sera à la sollicitation de personne ;
je ne pardonnerais pas quand toute la
famille serait à mes pieds, et je les
ferais tous pendre , si mon pouvoir
égalait ma volonté. --- C'est fort bien,
monsieur, je vous avertis seulement,
que votre cruelle rigueur vous fera
détester de tous les hommes ; vous
pouvez vous aveugler sur votre pou-
voir et sur l'impunité ; l'opinion gé-
nérale saura bien démêler vos prati-
ques ; elle vengera une aussi cruelle
soif du sang : adieu, monsieur."
William Godwin "Les Choses telles qu'elles sont" ou
"Les Aventures de Caleb Williams" (1794)
"Le temps se passa ainsi, et, la nuit venue, j'attendis sans terreur le moment où j'allais m'échapper de ma chambre. Seulement alors un frisson me prit ; de vagues images d'une fille séduite, qui fuit la maison paternelle, me passèrent devant les yeux comme des fantômes, pendant que je descendais l'escalier qui criait sous mes pas. J'avais entrevu des tableaux où cela était représenté, et ils se dessinaient dans l'ombre en prenant ma figure. Plus instruite que je ne l'étais, j'aurais peut-être reculé devant ces sombres avertissements ; mais j'avais contre moi la pureté de mon âme et l'ignorance de mes sens."
Frédéric Soulié Les Mémoires du Diable
"Et je sentais ce qu'il me disait : mon coeur bouillonnait, je frissonnais de tout mon être ; ma pensée, ma raison s'égaraient. J'étais dans ses bras ; son haleine brûlait mon visage, ses lèvres retrouvèrent les miennes, et , quoique la nuit fût profonde, je fermais les yeux. Je me laissais entraîner vers un crime que j'ignorais, mais qu'il me semblait que je ne devais pas voir ; je n'étais pas évanouie, mais j'étais dans les mains de Léon comme un corps inerte. Un anéantissement douloureux du corps et de l'esprit me livrait à lui sans défense, il eût pu me tuer sans que j'en éprouvasse de douleur. Je ne sentais plus rien ; il étreignit vainement ce corps sans âme, il chercha vainement un battement de mon coeur, il appela vainement un mot de ma bouche : je me sentais mourir, voilà tout. Et j'étais coupable, déshonorée et flétrie que je ne savais pourquoi j'étais coupable, déshonorée et flétrie !
Ce fut le cri de son bonheur qui m'éveilla de cet engourdissement ; je voulus le repousser et le maudire, mais ma parole demeura étouffée sous ses lèvres, et mes larmes se perdirent dans ses baisers. J'étais à lui ! je pleurai : je venais de perdre une illusion, je venais d'apprendre ce que les hommes appellent le bonheur. Le bonheur ! est-ce donc la profanation de l'amour ?"
idem
"Oui, quand je dirai qu'on m'a enfermée dans une tombe, loin de l'air et du sommeil, quand je donnerai les horribles détails de cette captivité où je meurs, on me plaindra, on me devinera ; mais pourrais-je faire sentir à d'autres les horreurs d'une brutalité qui écrase et pétrit le coeur et la vie d'une malheureuse sous ses doigts insensibles ?"
idem
"Au bord d'un lac tranquille
Je travaillais un soir à mon dernier asile.
Je creusais mon cercueil ; en moi-même absorbé
Je restai quelque temps sur ma bêche courbé.
Dans ces sombres objets, mon âme ensevelie
Aimait à contempler le terme de la vie
Sans trouble, sans terreur, trop faible pour mes maux
D'avance je goûtais le calme des tombeaux."
Claude-Joseph Dorat Lettre du Comte de Comminges à sa mère
"A présent chacun aspire à séparer sa personnalité des autres, chacun veut goûter lui-même la plénitude de la vie ; cependant, loin d’atteindre le but, tous les efforts humains n’aboutissent qu’à un suicide total, car, au lieu d’affirmer pleinement leur personnalité, ils tombent dans une solitude complète. En effet, en ce siècle, tous sont fractionnés en unités. Chacun s’isole dans son trou, s’écarte des autres, se cache, lui et son bien, s’éloigne de ses semblables et les éloigne de lui. Il amasse de la richesse tout seul, se félicite de sa puissance, de son opulence ; il ignore, l’insensé, que plus il amasse plus il s’enlise dans une impuissance fatale."
Fiodor Dostoïevski Les Frères Karamazov
Un Jour, être Pauvre
(chanson de Gérard Manset)
Un jour, être pauvre,
Détaché de tout
Sans pleurer de rien,
Sans rire de tout,
Comme un enfant qui repose
Dans la vérité des choses.
S'écarter de tout, sortir,
Se tenir debout
Comme un enfant sort du ventre et hurle,
S'écarter de tout.
Un jour, être pauvre,
Détaché du reste,
De l'autre côté du mur.
Pas le moindre geste,
Pas la moindre trace de haine,
Pas la moindre trace de fêlure, trace de brûlure,
Le moindre sentiment d'oubli.
De l'autre côté du mur,
Pas la moindre trace de fêlure, trace de brûlure,
Le calme au fond du lac.
Un jour, être pauvre
Sur un quai désert
Etre un bateau vide.
Tout le monde à terre.
Comme un enfant qui repose
Dans la vérité des choses,
S'éloigner de tout, apprendre
A tenir debout
Sur la mer immense et douce, apprendre,
A tenir debout
Une infinie tendresse
(chanson de Catherine Ribeiro)
Brisée mais non vaincue
J'observe mes entrailles
Et mon coeur et mon corps
Partout couvert de traces
Par nous ensanglatés
Par nous mes hommes, mes femmes
Par vous mes tant aimées
Par vous mes libertés
Oh ! donnez-moi, donnez-moi
Dix hommes désespérés
Oh ! donnez-moi, donnez-moi
Dix hommes désespérés
Oh ! donnez-moi, donnez-moi
Dix hommes désespérés
Je suis dans l'ombre le reflet
De vos vies sacrifiées
Ma liberté dépend
De vous entièrement
Vos mots vos désespoirs
Sont forces vives en moi
Mes craintes, mes angoisses
Vos raisons d'espérer
Oh ! donnez-moi, donnez-moi
Cinq hommes désespérés
Je connais nos faiblesses
Déclins crépusculaires
Formidables courages
Que nos vies en survie
Brûlons les abattoirs
Levons nos poings serrés
Craquelons nos carcans
Déchaînons nos enfants
Oh ! donnez-moi, donnez-moi
Deux hommes désespérés
Oh ! donnez-moi, donnez-moi
Deux hommes désespérés
Oh ! donnez-moi, donnez-moi
Deux hommes désespérés
Donnez-moi, donnez-moi
Deux hommes désespérés
J'en ferai des montagnes
Des soleils, des brasiers
Des puissances d'amour
Des infinies tendresses
Des sexes gigantesques
J'en ferai des grands fours
Des aliénés d'amour
Des armures de combat
Des fous de poésies
De grandes symphonies
Nous serons là vivants
Témoignages vivants
D'un amour infini
D'une infinie tendresse.
Finir pêcheur
chanson de Gérard Manset
Un jour, finir pêcheur
Parce que ça grandit l'homme
Heureux comme ça
Pas gagner plus d'argent
Le matin, me lever
Pas connu, pas guetté
Parce que ça, ça fait mal
Ça fait mal à l'homme
La célébrité
Finir dans l'eau salée
Juste savoir compter
Vider le sablier
Puis tout oublier
Parce que ça grandit l'homme
De vivre sans parler
De vivre sans paroles
Et d'apprendre à se taire
Regarder sans rien faire
Regarder sans voir
Les enfants qui dansent
Au bord du miroir
Mais c'est toujours trop loin
Toujours dans le noir
Inaccessible
Pareil au coeur de la cible
Et c’est toujours trop loin
Un jour, finir quand même
Que personne s'en souvienne
L'écrive ou le dise
Vider sa valise
Brûler les journaux
Les tapis, les photos
Sans rien vouloir apprendre
Pour que les enfants sachent
Qu'on va quelque part
Quand on oublie tout
Qu'on oublie les coups
Qu'on déplie, qu'on secoue
Que la folie s'attrape
Qu'on déchire la nappe
Maladie tout à coup
Que tu portes à ton cou
Comme un collier de fleurs
De larmes et de couleurs
Un jour, finir pêcheur
Mollusque divin
Peau de parchemin
Mais c'est toujours trop loin
A portée de la main
Inaccessible
Pareil au coeur de la cible
Mais c'est toujours trop loin
Un jour, finir meilleur
Tuer le mal de l'homme
Se libérer de tout
Prendre dans la mer
Les coraux, les vipères
Et tout ça dans la main
Sans lumière et sans gaz
Et sans barbe qu'on rase
Un jour, finir pêcheur
Avaler le compteur
Regarder sans voir
Le calendrier
Qui tombe en poussière
Qu'elle est loin, la terre
Qu'elle est loin, la terre
Le calendrier
Qui tombe en poussière
Qu'elle est loin, la terre
Qu'elle est loin, la terre
Le calendrier
Le calendrier
Qui tombe en poussière
Qu'elle est loin, la terre
Qu'elle est loin, la terre
François Richard Fleury Valentine de Milan attendant le retour de son époux
"Personne n'apprécie la bonté à sa juste valeur, car malheureusement, chacun y voit un reproche à son adresse."
Léon Tolstoi Guerre et paix
Gabriel Cornelius von Max Lady Macbeth
"Au second acte, le décor représentait un cimetière couvert de monuments funèbres, et au milieu de la toile de fond on voyait un trou qui figurait la lune. La nuit se fit sur la scène, au moyen d'abat-jour abaissés sur les quinquets ; les cors et les contrebasses jouèrent en sourdine, et une foule de gens, drapés de longs manteaux noirs, sortirent des coulisses. Ils se mirent à agiter les bras comme des fous, et ils étaient en train de brandir un objet pointu qui ressemblait de loin à un poignard, lorsque d'autres hommes accoururent, en traînant de force la demoiselle en blanc."
Léon Tolstoi Guerre et paix
« Brusquement ma vie s’arrêta… Je n’avais plus de désirs.
Je savais qu’il n’y avait rien à désirer.
La vérité est que la vie était absurde.
J’étais arrivé à l’abîme et je voyais que, devant moi,
il n’y avait rien que la mort. »
Léon Tolstoi
Léon Tolstoi
Léon Tolstoi à Iasnaïa Poliana
Gothique
à la manière des maîtres
du genre
L'Enfer est pavé de bonnes intentions
Boris Christoff
" Non, il n’est pas mort, c’est impossible ! » se dit-elle. Dominant sa terreur, elle approcha de la couche funèbre, et posa ses lèvres sur la joue de son père ; mais à ce contact elle tressaillit et se rejeta en arrière : toute la tendresse qu’elle venait de ressentir s’évanouit pour faire place à un sentiment d’horreur et de crainte causé par ce qu’elle voyait devant elle. « Il n’est plus, il n’est plus, et à sa place quelque chose d’horrible, un mystère effrayant qui me glace et me repousse, murmurait la pauvre fille… Et, se cachant la figure dans les mains, elle tomba évanouie dans les bras du docteur qui l’avait suivie." Léon Tolstoi Guerre et paix
Dominique Mertens Là-bas (encre)
« Oui, j’ai souhaité sa mort, disait-elle tout haut dans son émotion. J’ai désiré voir finir cela plus vite, pour me reposer… Mais à quoi me servira ce repos, lorsqu’il ne sera plus ? » idem
L'Enfer est pavé de bonnes intentions
"Dans ce sombre monastère, les religieux se saluent en disant : Frère, il nous faut mourir !"
"Pleurez, bonnes gens,
car la vie le quitte.
Ses lèvres se sont tues ;
Il ne répond plus.
Les lamentations funèbres !"
Modeste Moussorgski paroles extraites
de l'opéra "Boris Godounov"
Fédor Chaliapine, chanteur basse
Vera Ignatievna Moukhina L'ouvrier et la kolkhozienne
L'Enfer est pavé de bonnes intentions
"Il s'agite, il tremble, il appelle à l'aide :
Mon Dieu, je souffre.
Ne pourrai-je donc jamais racheter mes péchés ?"
Modeste Moussorsgski Boris Godounov
L'Enfer est pavé de bonnes intentions
"L'amour, qu'est-ce que l'amour ? se disait-il. L'amour est la négation de la mort, l'amour c'est la vie ; tout ce que je comprends, je ne le comprends que par l'amour. Tout est là ! L'amour, c'est Dieu, et mourir c'est le retour d'une parcelle d'amour qui est moi, à la source générale et éternelle."
Léon Tolstoi Guerre et paix
Charles-Louis Muller L' Appel des dernières victimes de la Terreur
à bientôt pour de nouvelles découvertes gothiques... !
16:27 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois rené de chateaubriand, aloysius bertrand, gaspard de la nuit, mémoires d'outre-tombe, combourg, mysticisme, révolution française, la terreur, thomas chatterton, dominique mertens, romantisme noir, claude lorrain, fantastique, gothique, romans gothiques, littérature fantastique, anne radcliffe, walter scott, william godwin, caleb williams, catherine ribeiro, du barry, léon tolstoi, blogs gothiques | Facebook |
08/11/2013
BAISER GOTHIQUE
BAISER GOTHIQUE
"A nouveau, il reprit ses paroles, mais elle sentit que cette fois il le faisait exprès. "Je t'aime bien, dit-il, tu as été bonne pour moi, aujourd'hui. Bien des lèvres rouges ont embrassé les miennes et sont devenues très pâles. Maintenant, maintenant ton tour viendrait. Voilà pourquoi il vaut mieux que tu ne m'embrasses pas."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
"Il alla vers le large divan et s'y allongea ; puis il appuya sa tête sur les coussins, étendit les bras de chaque côté et ferma les yeux.
"Maintenant viens, Mandragore !"
Elle s'approcha, s'agenouilla devant lui. Elle hésita, le regarda puis s'élança soudain vers lui, saisit sa tête et pressa ses lèvres avec passion sur les siennes.
il ne l'étreignit pas, ne bougea pas les bras. Mais ses doigts se crispèrent sur ses poings. Il sentit sa langue, et la légère morsure de ses dents..."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
"Embrasse-moi, supplia-t-il, embrasse-moi !"
Il buvait ses baisers, buvait le sang brûlant de ses lèvres, déchirées par les dents de Mandragore. Et il s'enivrait, le sachant et le voulant, comme avec un vin mousseux, comme avec les poisons qu'il avait ramenés d'Orient..."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
"Les lèvres de Mandragore étaient à demi ouvertes. Avide, la pointe de sa langue se faufilait entre ses dents blanches. Ses seins mats se soulevaient rapidement et une lueur folle brillait dans ses yeux hagards. Soudain, elle se jeta sur lui, pressa sa bouche contre la blessure et but, but..."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
Baiser gothique Dominique Mertens
"Ses baisers étaient bons, caressants et tendres comme le chant d'une harpe par une nuit d'été, mais aussi sauvages, rudes et violents, comme le vent de la tempête sur la mer du Nord, brûlants comme le souffle de feu de la bouche de l'Etna, déchirants et impétueux comme le tourbillon du Maelstrôm...
Tout s'engloutit, pensa-t-elle, tout sombre.
Puis le feu s'alluma, les flammes montèrent jusqu'au ciel. Quand le loup, les babines sanglantes, se rua dans le sanctuaire, les tisons volèrent et brûlèrent les autels.
Elle l'étreignit, se pressant contre sa poitrine...
"Je brûle, exulta-t-elle, je me consume..."
Un à un, il arracha les vêtements de son corps.
Le soleil était haut lorsqu'elle s'éveilla. Elle vit qu'elle était nue, mais ne se couvrit pas. Elle tourna la tête et le vit allongé à son côté, nu comme elle.
Elle demanda : "Partiras-tu aujourd'hui ?
- Veux-tu que je parte ?
- Reste, murmura-t-elle, reste !"
"Lorsqu'il fut auprès d'elle, elle vit qu'il saignait. Des gouttes tombaient de ses joues, de son cou et de son oreille gauche. "Je t'ai mordu", murmura-t-elle.
Il acquiesça d'un signe de tête. Alors elle se dressa, lui enlaça la nuque et, de ses lèvres brillantes, but le sang rouge."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
Leurs caresses, leur tendresse et tous les mots doux étaient morts et fanés, comme les fleurs, comme le fin gazon sur lequel la tempête de leur amour avait roulé. Le feu qui les avait dévorés de ses dents avides était mort de lui-même, et de ses cendres une haine terrible, implacable, naissait.
Ils se regardèrent. Maintenant, ils savaient qu'ils étaient des ennemis mortels.
La longue ligne rouge des cuisses de Mandragore lui parut dégoûtante et odieuse. Sa bouche était amère, comme s'il avait porté un poison à ses lèvres. Et les morsures de ses dents, les égratinures de ses ongles devenaient douloureuses et le brûlaient...
Elle va m'empoisonner, pensa-t-il, comme elle le fit autrefois pour le docteur Petersen."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
"Les yeux verts de Mandragore le regardaient, moqueurs, effrontés et excitants. Il ferma les yeux, se mordit les lèvres ; ses doigts se crispèrent. Mais elle se leva, se détourna et négligemment marcha sur lui avec mépris.
Il se leva d'un bond, se tint devant elle, croisant son regard...
Pas un mot ne sortit de ses lèvres, elle se taisait, puis elle leva le bras et le frappa au visage. Alors, il se jeta sur elle, la secoua brutalement, la traîna à terre par les cheveux, la frappa, la piétina et lui serra violemment le cou.
Elle se défendait bien. Ses ongles déchiraient son visage, ses morsures déchiquetaient ses bras et sa poitrine. Et, baveuses et sanglantes, leurs lèvres se cherchèrent, se trouvèrent et se prirent dans de violentes souffrances...
Soudain il la repoussa et la jeta au loin, elle retomba sans connaissance sur le gazon."
Hanns Heinz Ewers Mandragore
"Sur l'épaule de son amant, elle aperçut
Trois cicatrices, trois morsures de sa bouche,
Trois témoins indiscrets de leur amour farouche
Et posa les lèvres dessus."
Hanns Heinz Ewers L'apprenti sorcier
Gage d'amour Dominique Mertens
Entre moi et mon ami
(complainte médiévale)
Ensemble, mon ami et moi
En un bois près de Béthune,
Nous allâmes jouant mardi
Toute la nuit sous la lune,
Si bien que le jour se leva
Et que l'alouette chanta
Disant "Ami, allons-nous en."
Et il répondit doucement :
"Il n'est point encore jour,
Savoureuse au corps gentil,
Que m'assiste l'Amour ;
L'alouette nous a menti !"
Alors il se rapprocha de moi,
Et je ne fus pas rebelle.
Bien trois fois il m'embrassa.
Je le fis moi aussi plus d'une
Et cela ne m'ennuya pas.
Comme nous aurions voulu
Que cette nuit durât cent nuits
Et que plus jamais il n'eût à dire
"Il n'est point encore jour !"
baiser-gothique
Départir (Se séparer)
complainte médiévale
Quand je vois l'aube du jour venir
Mille choses je ne dois tant haïr
Car elle fait de moi se séparer
Mon ami que j'aime par amour.
Maintenant je ne hais rien tant que le jour,
Ami, qui me sépare de vous.
Quand je suis couchée dans mon lit,
Que je regarde à mon côté
Et n'y trouve pas mon ami,
Je m'en plains aux parfaits amoureux.
Bel ami, vous vous en irez.
Que votre personne soit recommandée à Dieu.
Par Dieu, je vous prie, ne m'oubliez pas !
Je n'aime rien tant que vous.
Maintenant, je prie tous les vrais amants
De cheminer en chantant cette chanson
Et ce en dépit des médisants,
Et des mauvais maris jaloux.
Baiser gothique
Départir Dominique Mertens
Lasse (Hélas !)
complainte médiévale
Hélas, pourquoi repoussai-je
Celui qui m'a tant aimée ?
Longtemps à moi il a pensé et n'y a trouvé pitié.
Hélas, si très dur coeur ai, qu'en dirai
Egarée je fus plus cruelle
Quand je le repoussai.
J'en ferai droit à son plaisir
S'il m'en daigne ouïr.
Certes, bien me dois clamer et épuisée et malheureuse
Quand s'il n'a pas d'amour,
Mais grande douceur et rosée
Tant doucement me pria et n'y a recouvré merci.
Egarée fus quand ne l'aimais.
J'en ferai droit à son plaisir
S'il m'en daigne ouïr.
Chanson va sans délais à celui qui tant m'agrée.
Car Dieu je prie et demande qu'il vienne à moi sans retard.
En sa merci je me mettrais toute.
Puisse trouver celui qui m'agrée,
Que j'ai trop mal trahi.
J'en ferai droit à son plaisir
S'il m'en daigne ouïr.
Je vivrai liement
complainte médiévale
Je vivrai dans la liesse
Douce créature
Si vous saviez vraiment
Qu'en vous est tout mon souci.
Dame de maintien joli,
Plaisant, clair et pur,
Souvent me fait dire : "Aïe, moi ! !"
Le malheur que j'endure
Pour vous servir loyalement
Et soyez sûre
Que je ne puis plus vivre ainsi
Si longtemps cela dure,
Car vous m'êtes dure
Sans merci et sans pitié,
Et ainsi vous avez mis mon coeur
En telle ardeur
Qu'il pourra certainement de mort très laide
Si pour son soulagement
Votre pitié n'est pas prochainement mûre.
...le baiser de la Mort...
...le baiser de l'Amour...
baiser-gothique
De toutes flours
complainte médiévale
Pour toute fleur et pour tout fruit
Dans mon verger il n'y avait qu'une seule rose,
Le reste était gâté et détruit
Par Fortune qui durement s'oppose
A cette douce fleur pour flétrir sa couleur et son odeur.
Mais si je la vois cueillir ou se laisser choir
Jamais ne désire avoir une autre après elle.
Mais vraiment je ne puis imaginer
Que la vertu où ma rose est enclose,
Vienne par toi et par tes faux conduits,
Mais au contraire est droit, donc naturel.
Aussi je suppose
Que tu n'auras jamais la vigueur
D'amoindrir son prix et sa valeur.
Laisse-la moi, puisque nulle part en mon verger
Je ne désire avoir une autre après elle.
Baiser gothique
El Arbol de las Lagrimas de Cristal
chanson du groupe
Trobar de Morte
Narran las leyendas que existía un árbol sin igual
Nacido de las lágrimas de un hada al llorar.
Sus hojas son frondosas, luminosas de cristal.
Radiaba una azul luz que permitía al alma volar.
Susurra el viento alegre una hermosa cancion al pasar
Meciendo cuidadoso prístinas lágrimas de cristal
La luna y las estrellas en éstas se reflejarán
Y el hermoso firmamento de azul se alumbrará
"Dès sa première jeunesse, elle montra une sensibilité ardente et une imagination plus ardente encore. Son âme voleta sur les traces du bonheur idéal, et le bonheur resta pour elle inaccessible idéal : car elle aima, quand aimer ne pouvait entraîner que folie et perdition. De ce moment pesa sur son existence un nuage épais, que les éclairs d'une passion sauvage et rebelle réussissaient parfois à percer mais jamais à dissiper. A l'insu de tous, elle s'enfonça dans la détresse et chercha consolation dans le rêve. Mais il est un lieu où cessent les plaintes et où s'apaisent les orages de la passion. Là, le pèlerinage mortel retrouve les chemins de l'espoir. Là, l'esprit fatigué du monde est rendu à la quiétude. Là, elle repose enfin auprès de son bien-aimé ; son coeur redevient poussière auprès de celui pour qui il avait battu jusqu'à se briser ; ses lèvres qu'autrefois enfiévrait le désir, se décolorent et s'étiolent contre les siennes. Oui, elle repose enfin auprès de son bien-aimé
Nul ne pourra maintenant les séparer, et nul ne voudra maintenant la blâmer. Est-il en effet quelqu'un qui, songeant à ses souffrances et à sa fin, aurait la cruauté de lui reprocher ses erreurs ?"
Charles-Robert Maturin Fatale vengeance
lady-angellyca, l'âme du groupe forever-slave
le-baiser-de-la-mort
"VIENS...!"
"... ET DEVIENS !"
"OUI, DEVIENS !"
11:31 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mort, baiser, baiser de la mort, gothique, érotisme, fantastique, blog gothique | Facebook |
02/06/2010
l' ANTRE du VAMPIRE
« L’Antre du Vampire » est la mise en scène de tout un décor fantastique conçu au début des années 2000 pour un public de pré-adolescents à l’occasion des premières fêtes d’Halloween qui furent célébrées en Belgique.
L’Aventure débuta par un simple empilement de cageots solidarisés à l’aide de colle et de plâtre, et qui ébaucha petit à petit la silhouette massive d’un château fantastique au fur et à mesure de son agrandissement. J’y perçai des ouvertures que je dissimulai par des tentures. J’en garnis les murailles de hautes fenêtres murées, construisis des tours inaccessibles que je cernai de plateformes crénelées, forgeai des barreaux, et aménageai des salles.
Il ne me restait plus qu’à peupler cette citadelle que je résolus d’entourer d’un vaste cimetière encombré de chapelles, de tombes et de croix. Lorsque je les eu façonnées dans l’argile, quelques succubes parmi les plus dévouées rejoignirent aussitôt la crypte où repose pour l’éternité leur maître vampire, tandis que leurs compagnes se disséminèrent au coeur du cimetière, au service de leur seigneur, prêtes à séduire quiconque aurait l’imprudence de s’aventurer là…
La représentation pouvait commencer… !



















16:14 Écrit par Dominique Mertens dans Général | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vampire, vampirisme, décor de théâtre, fantastique, gothique, château gothique, succube, cimetière, imaginaire, imagination, tombe, caveau, croix gothique, spiritisme, sculpture gothique, figurine gothique, halloween, occultisme, art brut | Facebook |